Economie

La grève générale empêchera-t-elle pas les pourparlers avec les bailleurs des fonds ?

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La page de la grève générale en Tunisie a été tournée, mais le bras de fer entre l’UGTT et l’exécutif continue sur fond du projet d’accord avec les bailleurs de fonds internationaux.

Depuis les premières heures de la grève, la centrale syndicale a annoncé une forte participation malgré les tentatives de certaines parties pour contrecarrer la grève générale dans les 159 établissements publics.

Le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail, Noureddine Tabboubi, a souligné, lors d’un discours devant un rassemblement syndical, que la grève dans le secteur public a réussi à 96,22% et que le gouvernement doit remplir ses obligations, car les travailleurs souffrent de la crise économique et de la détérioration des conditions de vie. Il a appelé le gouvernement à publier le document qu’il a soumis aux instances financières internationales dans ses détails et à être sincère avec le peuple, et a poursuivi : « Nous sommes avec des réformes qui servent les intérêts des travailleurs ».

Tunisair a annoncé hier, jeudi, l’annulation de ses vols réguliers reportés à vendredi, samedi et dimanche. La compagnie a indiqué dans un communiqué que les passagers peuvent récupérer le montant de leurs billets ou modifier la réservation gratuitement pendant une semaine.

L’adhésion des syndicats aux établissements publics et leur volonté de les défendre jusqu’au dernier souffle marquent le début de nouveaux affrontements entre le pouvoir et l’UGTT, qui tire une grande partie de son poids de sa présence au sein des établissements publics.

Le président du Forum des droits économiques et sociaux, Abderrahman Hdhili, a estimé que l’UGTT exerce sa mission ordinaire pour défendre les droits fondamentaux des travailleurs. Hdhili a expliqué, à cet égard, que le gouvernement est tenu de réévaluer ses relations avec l’UGTT et d’ouvrir une nouvelle page basée sur la coopération, afin de trouver des solutions qui facilitent la restauration du rôle du secteur public.

Le président du forum a également estimé que les mouvements sociaux se calmeraient relativement au cours des deux prochains mois, et qu’ils reviendraient en force avec le début de la rentrée, sous l’effet du chômage et de la pauvreté.

Rappelons que le coût d’une journée de grève générale est estimé entre 200 et 300 millions de dinars, dans un pays dont le produit intérieur brut ne dépasse pas 40 milliards de dollars et qui souffre de faibles taux de croissance qui n’ont pas dépassé 2,4% au cours du premier trimestre de cette an.

Le secteur du transport est considéré comme le premier touché par la grève de jeudi en raison de la suspension du trafic de passagers par voie terrestre, maritime et aérienne. Les répercussions de la grève sont susceptibles d’affecter également le secteur du tourisme et les entreprises de transport de marchandises, qui ont été contraintes de modifier leurs programmes à cause de la grève.

Malgré un large soutien syndical à la décision de la grève générale et la grande participation des salariés, l’UGTT fait face à de vives critiques de la part de ceux qui considèrent que les grèves et le climat social tendu ont contribué à la détérioration de la situation économique dans le pays et ont incité les gouvernements précédents à s’endetter.

Il convient de noter que la Banque centrale de Tunisie avait récemment prévu que le déficit budgétaire se creuserait à 9,7% du PIB cette année, contre une prévision antérieure de 6,7%, en raison de la force du dollar et de la forte augmentation des prix des céréales.

Le gouverneur de la Banque centrale, Marouane Abbasi, a déclaré que la Tunisie avait besoin d’un financement supplémentaire pour son budget de cinq milliards de dinars (1,6 milliard de dollars), soulignant que « parvenir à un accord avec le FMI est devenu nécessaire ».

L’UGTT réclame une plus grande participation à la réforme économique que le gouvernement entend mettre en œuvre afin de préserver sa mission sociale au niveau de laquelle les syndicats jouent leur rôle naturel de défense des droits des classes populaires écrasées par la flambée des prix au cours des dernières années.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek
Tags: FMI