Economie

La guerre de Poutine en Ukraine : l’occasion ou jamais pour réformer la caisse de compensation

La guerre de Poutine en Ukraine : l’occasion ou jamais pour réformer la caisse de compensation

De nombreux pays du Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (MENA) dont la Tunisie, sont désormais au cœur de la crise russo-ukrainienne, en raison des enjeux de sécurité alimentaire, et la dépendance à la Russie et l’Ukraine, principalement, notamment en blé, maïs et huiles, ainsi que le tourisme.

Selon des rapports officiels, l’Ukraine est le deuxième pays européen en termes de superficie après la Russie, elle est devenue l’un des principaux acteurs internationaux au niveau de la production et l’exportation de produits de base. En 2020, l’Ukraine a exporté environ 18 millions de tonnes de blé, sur un total de 24 millions de tonnes. Pour se positionner au cinquième rang, des exportateurs de blé au niveau mondial.

D’autre part, la Russie occupe le premier rang mondial des exportateurs de blé, et représente à elle seule 17 % du commerce mondial total de ce produit. Si on y ajoute l’Ukraine, les deux représentent ensemble 25% des exportations de maïs en 2018, environ 4,792 millions de tonnes.

Les répercussions de la guerre seront lourdes pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (MENA). Au fait, cinq heures seulement après l’invasion russe, les prix des contrats à terme sur le blé tendre de Chicago ont bondi à 9,32 dollars le boisseau, sur le Chicago Mercantile Exchange, tandis que les contrats à terme sur le blé dur, ont atteint 9,68 dollars le boisseau (27,2 kg).

Le problème ne concerne pas le blé, uniquement. Les prix des huiles ont flambé.

Impact de la guerre russo-ukrainienne sur la Tunisie

Les Tunisiens occupent la deuxième place mondiale dans la consommation de pâtes de toutes sortes, à raison de 17 kg par personne et par an, et le recours à celle-ci augmente chaque fois que la crise sociale et économique s’aggrave en raison des prix élevés des protéines, légumes et autres types d’aliments qui ne bénéficient pas de l’aide gouvernementale.

Selon les sources officielles, la Tunisie importe pour 1400 millions de dinars depuis l’Ukraine et pour 1500 millions de dinars depuis la Russie. A part les hydrocarbures importés depuis la Russie pour 1000 millions de dinars, le reste des importations concerne des produits alimentaires de base, à savoir des céréales…

Ses mêmes sources officielles ont annoncé que la Tunisie importe 80% de ses besoins en blé tendre et entre 20 et 30% de ses besoins en blé dur.

Subventions massives et recommandations pressantes du FMI

Selon les autorités tunisiennes, le montant des subventions aux céréales et aux pâtes alimentaires s’élève à 3111 millions de dinars, quant aux huiles végétales, elles sont subventionnées à hauteur de 480 millions de dinars et ce, pour l’année en cours.

Le conseil d’administration du FMI a annoncé, à l’achèvement récent des consultations de 2021 au titre de l’article IV avec la Tunisie que la stabilisation de l’économie jusqu’à ce que la pandémie s’atténue, constitue une priorité de taille.

Les administrateurs de l’instance financière internationale ont recommandé de faire en sorte que la politique et les réformes budgétaires viseront à réduire le déficit notamment à travers la révision de la masse salariale et les subventions à l’énergie à la baisse tout en accordant la priorité aux dépenses de santé et à l’investissement, ainsi qu’en protégeant les dépenses sociales ciblées.

Toutefois, le gouvernement tunisien hésite encore à réformer la caisse de compensation malgré les recommandations pressantes du FMI et l’hémorragie budgétaire causée par les subventions accordées aux produits de base.

Une réforme reportée par la pénurie

Cependant, et depuis quelques semaines, les supermarchés ont commencé à restreindre l’achat des pâtes, de semoule et de farine, afin de rationner leurs stocks faute d’approvisionnement, alors que la pénurie en produits de base dans les marchés tunisiens s’aggrave.

Les grandes surfaces commerciales exigent de leurs clients se contenter de n’acheter que deux sachets de pâtes (couscous et de farine). Sur un autre plan, les principaux acteurs du secteur céréalier et des meuneries expriment une grande inquiétude face à la baisse de l’offre de blé, soulignant que le stock de l’Office des céréales est faible et que les prix au marché mondial flambent à cause de la guerre russo-ukrainienne.

Selon des observateurs, toutes ces causes risquent de reporter la réforme de la caisse de compensation alors que d’autres estiment que rien n’arrêtera la contrebande des produits de base, principale cause de la pénurie, sans passer à une réforme urgente de la caisse de compensation.

La pénurie des produits de base que la guerre russo-ukrainienne risque d’aggraver davantage, impose une stratégie différente pour subvenir aux besoins du marché et à éviter toute rupture d’approvisionnement et priver les plus démunis des produits subventionnés.

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