Economie

La hausse des taux d’intérêt étouffe les entreprises (Note)

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Les fortes hausses des taux d’intérêt mondiaux pourraient déclencher des difficultés financières pour les entreprises et poser des problèmes pour de nombreuses économies. La dette des entreprises a augmenté de plus de 12 billions de dollars dans les économies avancées et émergentes pendant la pandémie, les entreprises empruntant plus pour renforcer leur bilan et survivre au choc économique, selon une publication récente du FMI.

Cependant, les hausses des taux d’intérêt et le coût élevé du service de la dette impactent les équilibres financiers des entreprises, même si la dette mondiale diminue en pourcentage du produit intérieur brut, assure l’institution de Bretton Woods.

Coût de financement et détresse des entreprises

Le FMI note que l’accumulation de risques au niveau des entreprises et le doublement des coûts de financement pourraient poser de sérieux problèmes pour de nombreuses économies et leurs systèmes financiers.

Un nouveau modèle développé par les experts du fonds montre que la probabilité de détresse des entreprises implique des risques économiques systémiques et ce, en se basant sur des leçons tirées des crises précédentes dans 55 économies avancées et émergentes depuis 1995.

Environ 50 indicateurs ont été identifiés incluant en particulier les ratios de dette des entreprises et les variables d’expansion du crédit dans l’objectif de prédire les crises futures.

Le nombre de pays à risque moyen ou élevé lié aux répercussions des défauts de paiement de la dette et d’autres formes de détresse des entreprises a fortement augmenté l’année dernière en raison de conditions financières mondiales plus sévères. Cela a inversé la baisse du risque observée en 2021 lorsque les décideurs se sont précipités pour soutenir les entreprises en difficulté avec de l’argent et des moratoires sur la dette.

Indicateurs éloquents

Trente-huit des économies suivies par le modèle d’alerte précoce du fonds présentent un risque moyen et sept économies, principalement d’Europe et d’Asie, présentent un risque élevé de détresse. Plus de pays présentent un risque élevé qu’avant la pandémie. De plus, la proportion de grandes économies dans cette catégorie a augmenté, les pays à haut risque représentant 21% du PIB mondial au troisième trimestre de 2022, contre seulement 1% à la fin de 2019. Seuls neuf économies sont considérées comme présentant un faible risque.

Après une forte hausse en 2020-21, l’émission de dettes internationales par les entreprises non financières a chuté de 136 milliards de dollars au cours de l’année se terminant en juin 2022, car les entreprises ont constaté qu’il était plus coûteux d’accéder au financement, selon les chiffres de la Banque des règlements internationaux.

Un resserrement supplémentaire des conditions financières mondiales accroîtrait, d’après le FMI, les risques auxquels sont confrontées à la fois les économies avancées et les économies émergentes. Les retombées de la détresse des entreprises pourraient entraîner une croissance économique plus lente, une hausse du chômage, une pression sur les ménages vulnérables, des prix d’actifs volatils et une hausse des prêts non performants dans les institutions financières. Et la situation pourrait être aggravée par d’autres facteurs, tels que l’appréciation du dollar, qui ajouterait des pressions auxquelles sont confrontées de nombreuses économies émergentes.

Il est temps d’agir

Que peuvent faire les gouvernements ? Tout d’abord, les pays où les entreprises sont en faillite ou risquent de l’être devraient mettre en place des systèmes d’insolvabilité efficaces et faciliter la restructuration des entreprises lourdement endettées afin de contenir les risques systémiques, comme discuté dans un précédent blog du FMI. La préparation des pays aux crises et les cadres d’insolvabilité sont très importants et pourraient être renforcés en particulier dans les économies émergentes.

Deuxièmement, les pays devraient continuer à utiliser des politiques macro et microprudentielles qui ciblent les secteurs et les emprunteurs à haut risque. Pour limiter la possibilité de retombées sur le secteur financier, les pays devraient également utiliser des politiques macroprudentielles du côté des prêteurs pour les banques et les autres institutions financières.

Par exemple, en améliorant la transparence des actifs et des passifs des prêteurs, en s’abstenant de prêter davantage aux entreprises qui ne peuvent pas rembourser leurs dettes existantes, en renforçant les tampons de capital et en effectuant des tests de résistance complets.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek