Economie

La LF 2023 signe son premier crime économique, le premier d’une longue liste

La LF 2023 signe son premier crime économique, le premier d’une longue liste

On dit très souvent que l’élite dirigeante est coupée des réalités, qu’elle perd en clairvoyance à force de s’enfermer dans sa tour d’ivoire. La Loi de Finances (LF) 2023 en est l’illustration. Et l’irritation manifeste de la ministre des Finances, Sihem Nemsia, devant toute la presse – autant dire devant la nation entière – illustre encore plus cette maladie du pouvoir qui veut que les dirigeants s’ébattent dans une autre planète, à des années-lumière du citoyen lambda. Comment comprendre autrement cette “perle” signée par le département des Finances, avec la “complicité” du département de l’Economie ?

“On vend la tonne de sable à près de 60 dinars et l’Etat nous impose des impôts de 100 DT selon la nouvelle loi de finances!” C’est le directeur général adjoint de la société Minerali Industriali Tunisia, Kais Selim, qui l’a confié à Tunisie Numérique ce jeudi 29 décembre. Et puis il y a les retombées de cette affaire, terribles : Les unités de Oueslatia (Kairouan) et Sousse ont cessé la production. Pire «Elles fermeront définitivement leurs portes d’ici le début de l’année prochaine (…).300 agents seront au chômage et plus de 1500 travailleurs opérant dans le secteur perdront leur gagne-pain»…

On en est là à cause de l’article 26 de la LF 2023, cette même loi que défendait énergiquement la ministre, en déclarant, au bord de l’emportement, qu’elle n’y voyait aucune visée de saignée fiscale et qu’il faut voir le texte dans sa globalité, ses objectifs généraux. Et bien la globalité c’est ça pour cette entreprise et beaucoup d’autres : La clé sous la porte. Qu’est-ce que l’Etat aurait à gagner dans le fait de précipiter les PME vers le mur ? Rien. Mais allez le dire à Sihem Nemsia et son collègue à l’Economie, Samir Saïed.

Bon, là il faut remettre les choses à l’endroit : Les ministres ne sont pas seuls, ce sont des façades derrière lesquelles s’agite une armada de conseillers, consultants et experts, souvent d’ailleurs grassement payés avec les deniers publics, faut-il le rappeler. On se dit qu’à ces prix-là ils sont censés voir loin, anticiper les problèmes pour apporter les correctifs avant que la décision n’ait force de loi… Bref, ils sont censés faire ce pour quoi on les a mis là. Que nenni. Mais ça ne dédouane en rien leurs patrons, qui ont quand même le tout dernier mot…

Si les grosses têtes de chez Nemsia et Saïed avaient bien fait leur boulot Minerali Industriali Tunisia ne serait pas étranglé avant même que la LF 2023 ne soit activée. Les centaines d’experts mobilisés pour goupiller les réformes sur la table du FMI ont peut-être très bien fait le job sur le papier, mais ils n’avaient pas vu tout le reste, tout autour : La résistance au changement, que les sociologues ont copieusement traitée. Les mêmes travers ont été répétés dans la politique financière et économique de 2023, et nous n’en sommes qu’au début des déflagrations provoquées par les “grands esprits” planqués dans les bureaux feutrés des ministères.

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