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La Libye, la poudrière oubliée sur laquelle Poutine a la main

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Le péril libyen est un peu passé à la trappe, éclipsée par la tragédie ukrainienne, et pourtant… Le Maghreb, l’Afrique, le monde sont assis sur une véritable poudrière qu’aucune tentative de la communauté internationale n’a pu dompter jusqu’ici. A la Conférence internationale de Paris sur la Libye en novembre 2021, où il y avait du beau monde, il était question de respecter les échéances électorales de décembre 2021, de pacifier davantage le pays, etc. A l’arrivée qu’est-ce qu’on a eu ? Des élections qui ont été renvoyées sine die, un Premier ministre qui a été éjecté sans qu’il n’y a rien de significatif à lui rapprocher, des armes qui pointent de nouveau le bout de leur nez…

Le cauchemar ne s’arrête pas au front ukrainien, il s’éveille aussi en Libye, où d’ailleurs l’artisan de la guerre en Ukraine, le président russe, Vladimir Poutine, soutient un des seigneurs de la guerre, le maréchal Haftar. Toujours les mêmes germes de la division, avec deux gouvernements forcément ennemis, exactement comme entre 2014 et 2021 : le gouvernement de Abdelhamid Dbeibah, dit légitime, issu des négociations parrainées par l’ONU ; en face le gouvernement du puissant Fathi Bachagha, imposé par le Parlement de l’Est, le giron du maréchal Haftar. Le même Haftar porté à bout de bras – militairement -par Poutine et par la fameuse milice privée russe Wagner…

Personne n’a pas pu passer à côté de la dernière éruption, le 10 mars 2022, quand des groupes armée acquis à la cause de Bachagha ont campé à l’entrée de tripoli pour manifester leur appui à l’ancien ministre de l’Intérieur. N’eut été l’activisme de l’émissaire du secrétaire général de l’ONU pour la Libye, Stephanie Williams et l’ambassadeur des USA, Richard Norland, les groupes armés pro-Bachagha auraient croisé le fer avec l’armée régulière. Cette fois on a pu éviter le pire, et demain ?

L’exécutif libyen est confronté à une crise qui pourrait, si elle n’est pas résolue, conduire à l’instabilité et à des gouvernements parallèles dans le pays“, avait alerté Rosemary DiCarlo, secrétaire générale adjointe de l’ONU pour les Affaires politiques…

La communauté internationale et notamment les Etats-Unis ne souhaitent pas voir une reprise du conflit en Libye, en particulier dans le contexte actuel de la guerre russo-ukrainienne“, déclare un analyste politique cité par le site VOA. Le risque maintenant c’est que Poutine, qui piétine en Ukraine, rallume le feu en Libye en poussant Haftar à reprendre les armes pour imposer le gouvernement de Bachagha. Le maître du Kremlin pourrait aussi, selon des experts, provoquer le chaos dans la production pétrolière en Libye – 1,2 million de barils par jour – pour maintenir la tension sur le marché international, obligeant ainsi l’Ukraine et les Occidentaux à céder face à ses désidératas…

A noter que des groupes pro-Haftar ont menacé la semaine dernière de paralyser les terminaux pétroliers de l’Est du pays, alors que les pays acheteurs tentent de convaincre les membres de l’OPEP, dont la Libye, de monter leur production pour calmer le marché. “Un tel blocus servirait certainement les intérêts de la Russie, car il ferait encore grimper les prix du pétrole“, a confié un analyste allemand…

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