Economie

La Loi de finances 2023 tombe, enfin : ça casse ou ça… casse

La Loi de finances 2023 tombe, enfin : ça casse ou ça… casse

Le texte que tout le monde attendait, à commencer par les partenaires de la Tunisie, est enfin sorti du bois. La Loi de finances 2023 – les yeux sont déjà rivés sur la complémentaire, une très mauvaise habitude hélas – a été validé par le Conseil ministériel, après moult soubresauts. Si c’est effectivement ce texte qui a valu à Tunis d’être recalé par le FMI, l’exécutif aurait pu et dû s’acquitter de sa tâche un peu plus tôt. Cela aurait au moins évité à la Tunisie cette très mauvaise publicité et des bruits grinçants qui ont toujours un coût élevé pour un pays qui peine à retrouver la confiance des bailleurs et investisseurs. Mais enfin le texte est là, voyons ce qu’il changera concrètement…

Sihem Nemsia avait averti

La ministre des Finances, Sihem Nemsia, avait annoncé la couleur : 2023 sera l’année de la taxation tous azimuts. Ça au moins ça ne devrait pas changer dans la Loi de finances, quelles que soient les inflexions qu’on lui apporte. D’abord pour la simple et bonne raison qu’on ne voit pas d’autre vache à lait que le pays pourrait traire à court terme. Les caisses publiques ont un besoin urgent de liquidités, et le fait que le dossier de la Tunisie soit retoqué par son principal bailleur corse l’équation.

De l’argent et tout de suite, ce sera le leitmotiv des services de Sihem Nemsia dans les semaines et mois à venir. Tout ce qui peut être pressé comme un citron le sera et tous les fonds de tiroir seront raclés. Les industries et les PME, le seul moteur qui tourne encore et qu’il est très facile de ponctionner – contrairement à la nébuleuse du secteur parallèle -, devraient très vite avoir des nouvelles des fins limiers du département des Finances. Ça va pleurer dans les chaumières mais ça n’arrêtera pas les services du fisc. Le dispositif de sauvetage des PME attendra

On ne sait pas quand le dossier de la Tunisie passera sur le billard à Washington mais ce qui est certain c’est que les urgences elles n’attendront pas la fumée blanche du FMI. Un événement qui de toute façon ne sera que le début d’une longue course – 8 autres tranches semestrielles – pour toucher le prêt de 1,9 milliard de dollars ; entre temps il faudra courir derrière les autres lièvres.

Les engagements de Saied face aux promesses faites au FMI

En fait ce n’est pas tant la publication de la Loi de finances 2023 que le FMI attendait que le contenu de ce texte. Ce que le principal bailleur veut surtout savoir c’est si le tournant des réformes auxquelles s’est engagé le gouvernement tunisien se traduit effectivement dans le texte. La patronne du FMI a annoncé que Tunis a promis de se délester de quelques canards boiteux du secteur public, mais à chaque fois que le gouvernement tunisien est questionné sur le sujet il dément formellement ou botte en touche. D’ailleurs le Programme National des Réformes ne parle pas de privatisation mais tout au plus de restructuration, d’audit, etc. Idem pour le dossier très alambiqué des subventions. Alors que contient la Loi de finances 2023 ?

Mystère total pour le moment. Le peu qu’on en sait – les aspects fiscaux – a été lâché par l’Union tunisienne des professions libérales après ses réunions avec la ministre des Finances. Ce qu’on sait aussi c’est qu’à chaque fois que celui qui décide de tout depuis le 25 juillet 2021 – le chef de l’Etat – est interrogé publiquement il argue le statu quo. En d’autres termes pas question d’assommer les Tunisiens avec les douloureux sacrifices serinés par certains, c’est cela qu’il a promis au secrétaire général de l’UGTT. Et même à Washington il a défendu le principe de la souveraineté absolue de la Tunisie, maîtresse de ses orientations stratégiques même si elles déplaisent.

Alors que croire ? Qui croire ? Est-ce que la Loi de finances contient ce qu’a laissé entendre le FMI ou les assurances données par le président de la République ? Ce qui est certain c’est que la Tunisie a mangé tout son pain blanc et n’a plus le temps, les moyens de lambiner, de louvoyer. Le texte est là, c’est la fin des supputations et conjectures, on ne va pas tarder à tailler dans le vif.

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