Economie

La mafia de l’alimentation animale : Kaïs Saïed sonne la fin de la récréation ?

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 Les prix des fourrages ont continué à augmenter alors que le Ministère du commerce et du développement des exportations avait gelé les prix il y a quelques mois pour atténuer l’impact négatif de la hausse de ces prix sur le coût de production. Cette hausse a entraîné une forte augmentation des prix de la viande, du lait et de la volaille.

Les récentes augmentations des prix des aliments pour animaux le 16 novembre 2022 dans toutes les usines d’aliments d’environ 300 dinars la tonne ont contribué à la hausse des prix de référence des produits avicoles de décembre 2022 à aujourd’hui, selon le Groupement Interprofessionnel des Produits Avicoles et Cunicoles (GIPAC).

Les prix de la viande blanche et des œufs ont connu des niveaux sans précédent au cours du premier trimestre de l’année en cours, puisque le prix de l’œuf a atteint 400 millimes, tout comme le kilogramme de viande de volaille s’est élevé à plus de 10 dinars.

Prix ​​des aliments entre monopole et prix élevés sur le marché mondial

La Chambre nationale des fabricants d’aliments pour animaux et des importateurs de matières premières a confirmé, dans un communiqué il y a quelques mois, que le secteur est menacé, ce qui menace la chute de tous les systèmes de production animale et menace la sécurité alimentaire nationale.

Elle a expliqué que la décision du ministère du Commerce et du Développement des exportations de geler les prix des aliments pour animaux le 16 mai 2022 afin de faire pression sur les prix du lait, de la volaille et des œufs, a provoqué une perte estimée à environ 250 millions de dinars. La Chambre a souligné que la pénurie des aliments pour animaux a été enregistrée, surtout après la baisse de l’offre de tourteaux de soja.

Malgré cette explication, des observateurs confirment que de certains acteurs influents monopolisent le secteur fourrager et déterminent les prix de vente, le calendrier et la répartition des quotas ce qui crée une spéculation qui menace la subsistance du consommateur et la pérennité du secteur de l’élevage dans son ensemble.

Un secteur noyauté par la corruption et le monopole

Les éleveurs ne cessent de réclamer plus de contrôle sur les circuits de distribution des fourrages, en proie à la contrebande et au favoritisme, tout en appelant à la nécessité de réduire l’offre d’aliments composés et de soutenir la filière locale de production d’aliments pour animaux au moindre coût, et recourir à des produits alternatifs comme le maïs, la luzerne, l’orge, le tournesol et autres fourrages qui étaient utilisés auparavant, avant d’importer des aliments composés de l’étranger, à un coût élevé qui épuise les réserves de change.

Notons que l’État importe des matières premières destinées à l’alimentation animale notamment les tourteaux de soja par l’intermédiaire d’entreprises privées monopolistiques après que le l’Office national de l’élevage et du développement des pâturages a abandonné ce rôle pour des raisons ambiguës.

Dans ce contexte, les observateurs estiment que la pénurie de l’alimentation animale et du fourrage n’est pas due aux prix élevés de fourrage sur le marché mondial, à la suite de la guerre russo-ukrainienne. Les échanges sur la bourse mondiale indiquent une baisse des prix des aliments pour animaux sur le marché mondial, contrairement à ce que les entreprises monopolistiques disent pour justifier cette augmentation.

Dans un contexte connexe et avec l’intensification de la crise fourragère et la cherté de la viande blanche, le président de la République, Kaïs Saïed, a reçu, vendredi 24 février 2023 au palais de Carthage, Abdelmonem Belati, ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, en présence du président de l’Utica, Samir Majoul.

Lors de cette rencontre, le problème de la hausse des prix des fourrages et ses conséquences au niveau des prix de la viande et de la volaille a été abordé. Le président de la République a souligné que cette hausse est due à la monopolisation de l’importation de la fourniture de soja par une ou deux entités, rappelant que l’Office des céréales en était responsable avant qu’une seule entreprise puisse en avoir le monopole et le contrôle des prix.

Le président de la République a souligné que cette situation était inacceptable. En effet, il a considéré qu’il fallait soit libérer l’importation ou laisser l’exclusivité à l’Office des céréales, précisant que la hausse des prix mondiaux n’est pas le seul motif à cette hausse exagérée des prix des fourrages.

Le président de la République a appelé également à travailler à la réduction des prix en général afin que toutes les parties contribuent à surmonter ces conditions économiques et sociales difficiles. « La lutte contre la corruption et la monopolisation doit être menée ensemble avec le même sentiment de devoir envers notre peuple et notre cher pays ».

Des observateurs estiment qu’en s’attaquant aux cartels de l’alimentation animale en évoquant la libéralisation de l’importation de l’alimentation animale ou la restauration du monopôle de l’Etat via l’Office des céréales que le président Kaïs Saïed a entamé une vraie bataille contre un pan très influent de l’économie de la rente qui monopolise un secteur stratégique à savoir celui de la production animale.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek