Société

La marmite du diable

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Mercredi 18 août courant, le Parquet du Tribunal de Première Instance de la Manouba a autorisé l’arrestation du locataire d’un atelier clandestin qui servait à fabriquer du faux tabac à narguilé (chicha) dans la délégation d’Oued- Ellil.

Cette arrestation a été faite suite à la saisie par les unités de la Garde nationale et de la Police municipale à la Manouba, en coopération avec les agents de la Direction régionale de la santé, de 800 kilogrammes de faux tabac.

Digne des pires cauchemars, les conditions d’hygiène de « l’atelier » sont horribles, voire inimaginables : des substances ressemblant à du goudron sont mijotés dans des fûts destinés initialement à la conservation de produits chimiques toxiques, des centaines de kilogrammes de déchets de cigarettes provenant de la Régie Nationale des Tabacs et des Allumettes (RNTA) pour servir de matière première de potion toxique, un liquide noirâtre et gluant stocké dans des bassines, etc…

Bref, cancers et autres maladies graves servies par le locataire de l’atelier sans scrupule pour ses clients parmi les fumeurs de narguilé dans les cafés souvent aux prix chers occultant des réseaux « commerciaux », bien organisés.

Toutefois, ce qui intrigue dans cette affaire, c’est le fait que cet « atelier » se situe à 200 mètres à peine du siège de la délégation d’Oued-Ellil et ne pouvait en aucun cas passer inaperçu vu les odeurs et les vapeurs toxiques et nauséabondes qui échappaient de l’atelier et du bal des camions qui faisaient le va et vient remplis de déchets et de matériaux douteux.

Beaucoup d’autres questions sont encore sans réponse notamment en ce qui concerne l’origine des déchets de cigarettes monopole de la RNTA et des intrants toxiques qui composent le faux tabac et qui sont normalement soumis à une législation et un contrôle strict.

Bafouer toutes les normes d’hygiène et de sécurité des consommateurs, produire et commercialiser des produits échappant à tout contrôle et mettre en péril la santé des citoyens : les abus se multiplient dans l’impunité quasi-totale. Les responsables des ministères de la Santé et du Commerce s’avouent souvent incapables de faire appliquer la loi.

Juste pour mémoire, les services du contrôle économique (relevant du ministère du commerce) ont relevé, d’après les dernières statistiques, durant le premier semestre 2021, environ 35354 infractions économiques, au cours de 225190 visites d’inspection effectuées, mais seulement 500 sanctions ont été infligées, à savoir fermeture de commerces, interdiction d’approvisionnement et retrait d’autorisations d’exercice.

Ce chiffre insignifiant de sanctions, en dit long sur l’impunité et la nonchalance…

D’autres intervenants sont supposés se charger du contrôle d’hygiène et du respect des règles sanitaires des produits de grande consommation, mais sur les sites officiels de ministères tels que le ministère de santé, il n’y a pratiquement pas de statistiques, à cet effet.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek