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La microfinance creuse le fossé de la pauvreté en Tunisie…

La microfinance creuse le fossé de la pauvreté en Tunisie…

La microfinance a été souvent présentée en Tunisie et dans le monde comme moyen efficace pour lutter contre la pauvreté et le chômage des jeunes, des femmes rurales et des couches sociales fragiles. Elle est aussi présentée comme moteur de promotion de la microentreprise, d’inclusion financière et de croissance économique.

Néanmoins, cette logique est remise en cause par plusieurs spécialistes des questions financières et surtout sociales en raison du coût exorbitant du financement des micro-projets qui atteint souvent des taux proches de l’usure. Les chiffres des entreprises spécialisées dans la microfinance montrent qu’elles réalisent des résultats d’exploitation très conséquents qui sont imputables, essentiellement, aux taux importants des intérêts payés par les bénéficiaires de leurs crédits.

Sous cet angle, l’encours des microfinancements accordés par les institutions de microfinance (IMF) est passé de 809.4 millions de dinars au 31 décembre 2017 à 1305.2 millions de dinars au 31 décembre 2019 atteignant un taux d’accroissement annuel moyen durant la période 2017-2019 d’environ 27%.

Les produits nets d’activité des IMF ont évolué, à leur tour de 98.2 à 196.7 millions de dinars au cours de la même période hissant les résultats de 4.8 à 37.8 millions de dinars soit un accroissement de 688%. Ainsi, on peut affirmer qu’aucun secteur d’activité économique, en Tunisie, ne peut actuellement générer un taux de rendement aussi élevé que la microfinance.

Côté taux des crédits octroyés par les IMF, on ne dispose pratiquement pas d’informations, mais il est certain qu’ils dépassent largement les seuils des taux d’intérêt-plafonds pratiqués par les banques et les établissements financiers qui varient pour le premier semestre 2020 entre 12.07 et 15.54%. Dans la pratique, ces taux sont généralement dépassés notamment pour les crédits bancaires et du leasing.

Devant un déficit grandissant de la satisfaction d’une demande de plus en plus importante en financement et face à l’exclusion du système financier de pratiquement les deux tiers des ménages tunisiens, les acteurs de la microfinance ont opté pour des raisons complètement liées au profit à pratiquer des taux d’intérêt à la limite de l’usure et à accroître leur volume d’affaires au prix fort supporté par les plus pauvres et les franges sociales extrêmement fragilisées par la crise globale qui secoue le pays.

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