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La “palestinisation” de l’Ukraine s’installe, sur fond d’étranges événements

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“Palestinisation” de l’Ukraine disait-on… 76 jours après l’incursion russe en Ukraine le seul constat qui s’impose – à part le lourd tribut payé par les civils ukrainiens, par les infrastructures du pays et les combattants des deux côtés – c’est le statu quo. On est embarqué dans un conflit lancinant, qui pourrait durer de l’aveu du ministre français des Affaires étrangères, avec les conséquences que l’on sait pour la planète entière. Une guerre où il se passe des choses étranges et terrifiantes à bien des égards.

Le mauvais exemple israélien

D’abord un enseignement majeur ou plutôt une confirmation : Le maître du Kremlin, Vladimir Poutine, a revu sa copie et minoré ses ambitions face à l’impossibilité d’avaler toute l’Ukraine. Il semble maintenant évident qu’il se contentera de mettre la main sur le Donbass et tout le sud du pays. Et là rien à voir avec la prétendue nécessité absolue de protéger la vie des pro-russes. En réalité ce qui anime Poutine c’est l’urgence de camper dans le pays pour paralyser dans la durée tout effort de recouvrement de la totalité du territoire ukrainien…

Le président russe, bon gré mal gré, se contentera des régions sur lesquelles il a jeté son dévolu, comme le font en Palestine les forces d’occupation israéliennes. C’est la raison pour laquelle Poutine a depuis des semaines desserré l’étau autour de la capitale, Kiev. D’ailleurs ça soulage cette dernière puisque d’après son maire, 2/3 des habitants qui avaient déserté Kiev sont déjà revenus, alors que les bombes pleuvent ailleurs. C’est comme si le fait de laisser les troupes de Poutine martyriser d’autres parties du pays donnait une assurance-vie aux habitants de la capitale. Très étrange…

Von der Leyen vend une chimère, Macron la fracasse

Par ailleurs il y a cette demande insistante et récurrente du président ukrainien, Volodymyr Zelensky : Rejoindre au plus vite l’Union européenne (UE). Quand la présidente de la Commission européenne (CE), Ursula von der Leyen, avait fait le déplacement à Kiev, elle avait laissé entendre que cette affaire serait vite bouclée vu que de par les traités entre l’Ukraine et l’UE une partie du chemin vers l’Europe a déjà été parcourue. Mais la vérité est qu’en pratique c’est beaucoup plus nuancé que ça. Et c’est la dernièrement allocution du président français au Parlement européen qui nous le dit…

Emmanuel Macron, qui occupe la présidence du Conseil de l’UE, a proposé la création d’une “Communauté politique” (un projet défendu par François Mitterrand en 1989) pour y mettre tous les pays qui présentent des affinités avec l’Europe et veulent bâtir avec elle un destin géopolitique commun. Macron a proposé d’y intégrer l’Ukraine, comme une sorte d’antichambre de l’UE, en attendant une adhésion en bonne et due forme qui pourrait prendre des années, voire des décennies. Ce n’est pas ce qu’avait promis von der Leyen, et surtout ce n’est pas ce qu’attend Zelensky !

Qui aura le dernier mot, Paris ou Washington ?

Là on est obligé de voir dans le détail ce que veut Kiev et ce que les Européens sont en mesure de lui donner dans l’immédiat. Le président ukrainien n’arrête pas de dire que seule une intégration formelle dans l’UE protégerait l’Ukraine de l’ogre russe. D’abord théoriquement rien ne le prouve et puis il faut regarder les conditions d’entrée dans l’UE. Certaines dispositions disent clairement que pour adhérer à l’Union il ne faut pas avoir des tensions à ses frontières, il ne faut pas être en guerre avec son voisin et il faut que la sécurité du pays soit assurée. Le but d’un tel cadre est d’éviter à l’UE des conflits importés qui pourraient atomiser l’ensemble. Donc de ce point de vue la proposition de Macron est plus en accord avec la réalité que la chimère vendue à Zelensky par la présidente de la CE…

Mais ce n’est pas la seule étrangeté dans cette affaire, il y a cette sortie de Macron qui a beaucoup surpris et irrité les Britanniques – pour le moment silence radio du côté des Américains : D’une façon ou d’une autre il faudra s’asseoir autour d’une table pour négocier la Paix et ça sera forcément avec la Russie. Le président du Conseil de l’UE dit ça alors que dans le même temps les USA réaffirment leur détermination à aider l’Ukraine à gagner la guerre. Et mieux : Après l’annonce de 33 milliards de dollars en direction de l’Ukraine – dont 20 milliards rien que pour les armes – la Maison Blanche dégaine une autre aide colossale de 40 milliards. Des chiffres qui donnent le vertige…

Paris qui pense déjà à stopper la guerre alors que Washington l’intensifie – du moins selon les déclarations -, les deux alliés parlent-ils le même langage ? Qu’est-ce qui se passe ? Quid de l’Union sacrée occidentale théorisée par le président américain, Joe Biden ?

Bon, ce dernier devra expliquer comment transformer son aide colossale en armes et surtout comment les convoyer vers l’Ukraine, alors que l’artillerie russe guette et que Moscou a bien compris que s’il laisse débarquer tout cet armement c’en est fini pour la Russie, dans tous les sens du terme. Bref, tout cela pour dire qu’on est face à une guerre très étrange où la vérité est tout sauf évidente et l’issue loin d’être écrite, quoiqu’en disent les uns et les autres.

 

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