La panne de Facebook survenue, le lundi 04 Octobre, et qui a duré près de 6 heures n’a pas fini de susciter les interrogations quant à la dépendance vis à vis des réseaux sociaux. Ce blackout a semé la panique tant au niveau des personnes physiques que des entités ayant centralisé l’essentiel de leur communication sur ces réseaux.
En Tunisie, depuis 2011, les institutions gouvernementales même les plus stratégiques ont rapidement emboîté le pas en adoptant Facebook comme moyen de communication. Cette alternative aux canaux de communication ‘‘classiques’’ s’est vite positionnée comme ‘‘la solution de rechange’’ permettant d’atteindre et d’interagir efficacement avec plus de socionautes.
Ce virage porté par un effet de mode et de sentiment de liberté totale s’est caractérisé par une multiplication des pages, comptes et autres profils sociaux, en l’absence d’un cadre juridique et organisationnel adapté aux structures publiques gouvernementales voulant utiliser les réseaux sociaux.
Compte officiel, @POTUS, @FOTUS,…une question de succession et de continuité de l’Etat
Depuis le printemps arabe, les réseaux sociaux sont devenus un moyen de pression et de communication entre l’Etat et ses citoyens. Considéré comme un ‘‘nouveau’’ canal de communication, Facebook a émergé comme étant l’un des dispositifs opérationnels de l’administration électronique, une administration qui se veut communicante et ouverte sur les citoyens.
Or, l’utilisation d’un compte Facebook par un organisme gouvernemental, comme tout autre moyen de communication officiel devrait être dominé par un principe ancestral, à savoir : le principe de la continuité de l’Etat.
Autrement dit, le compte Facebook devra représenter une propriété étatique garantissant la pérennité de l’Etat, abstraction faite des personnes physiques se trouvant à la tête du pouvoir ou de l’institution.
Pour une meilleure compréhension de cette relation dialectique entre un compte de réseau social et l’Etat, en tant que personne morale unique dans son genre, une référence aux comptes sociaux appartenant aux institutions souveraines des Etats Unis est de rigueur.
Les comptes régaliens des Etats Unis sur les réseaux sociaux restent les mêmes quel que soit l’occupant du cabinet ovale.
En effet, dès l’annonce officielle du vainqueur aux élections, la passation du pouvoir ne se limite pas à une passation des fonctions, mais s’étend d’ores et déjà, aux comptes des réseaux sociaux utilisés par l’institution gouvernementale en place.
Ainsi, le compte @POTUS (« President Of The United States ») sur Twitter, hérité par Joe Biden, ainsi que le compte @FLOTUS (pour “First Lady of the United States”) récupéré par Jill Biden, la première dame et même les tweets d’anciens locataires de la Maison Blanche seront archivés par la National Archives and Records Administration (NARA) du fait qu’ils constituent des Artefacts de la nation.
Le canal utilisé est aussi important que le message, aussi faut-il que ça marche !
L’incident survenu durant la soirée du 4 octobre et la panne mondiale des réseaux sociaux WhatsApp, Instagram et Facebook pousse indéniablement à faire le constat que la présidence de la République tunisienne est dépendante de son compte Facebook. Ceci dévoile une stratégie de communication défaillante voire risquée.
Durant ce Blackout de 06 heures, l’institution de la présidence s’est trouvée quasiment isolée sur Internet et sa communication digitale paralysée. En guise de relève et fautes d’autres canaux de communication assurant un plan de continuité d’activité, l’équipe de communication de la présidence s’est tournée sur YouTube !
Cette panne devrait inciter à une réunion de crise de la cellule de communication de la présidence de la république pour répondre aux questions existentielles : Qu’est-ce qui se passerait si…, si Facebook flancherait volontairement ou involontairement une autre fois ? Quelles mesures communicationnelles préventives et pourquoi pas curatives à déployer ? La stratégie de communication actuelle centrée Facebook est-elle performante et surtout souveraine ?
Une question de souveraineté nationale
De l’avis de tous les experts en communication, le président de la République en véritable ‘‘outsider apolitique’’ a largement remporté les élections grâce au levier de Facebook.
Le président s’est appuyé sur ce vivier électoral et était soutenu par des internautes principalement jeunes, engagés et scandant les slogans du président centrés sur l’idée maîtresse d’une nation au service de son peuple et de son vouloir.
La Présidence de la république martèle qu’il n’y pas de place à l’ingérence étrangère, la Tunisie est souveraine et le restera.
Force et de constater qu’avec la panne des réseaux sociaux la Présidence de la République s’est trouvée coupée de ses électeurs et surtout dépendante d’entités étrangères hors de son contrôle.
Le canal de communication favori de la Présidence de la République, centre de tous les pouvoirs actuels, était hors service durant 6 heures. Qu’en est-il de la sécurité du pays et qu’en est-il de la plénitude de la souveraineté nationale ?
La Présidence de la République mettra-t-elle en question sa communication sur Facebook ?
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