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La réforme des entreprises publiques ne se fera pas, à en croire les propres documents du gouvernement

La réforme des entreprises publiques ne se fera pas, à en croire les propres documents du gouvernement

Dans le premier draft du document contenant les propositions pour convaincre le FMI de décaisser il y avait ceci :

Réformes des Entreprises Publiques

Aucun chiffrage n’a été donné, à ce niveau, avec juste la mise en avant de quelques axes d’ajustement sur la période 2022-2024.

Ces axes consistent en :

  • La définition d’un plan d’assainissement financier des entreprises publiques à travers l’engagement de cabinets externes,
  • Le rééchelonnement des dettes bancaires dans le cadre d’un plan d’assainissement global et d’une revue de la politique tarifaire parallèlement à la définition d’un plan d’assainissement social.

Dans le deuxième dont Tunisie Numérique a également l’exclusivité on a ceci :

Objectifs

  • Restructuration des entreprises publiques
  • Réduction du risque des Entreprises publiques sur le budget de l’Etat
  • Amélioration de la Gouvernance
  • Désengagement de l’Etat des activités non stratégiques

Axes (2022-2024)

  • Définir un plan d’assainissement financier des entreprises publiques, Apurement des arriérés (engager des cabinets externes pour effectuer des missions d’audits des arriérés)
  • Rééchelonnement des dettes bancaires dans le cadre d’un plan d’assainissement global et d’une revue de la politique tarifaire
  • Définir un plan d’assainissement social

Certes le 2e document a été affiné, mais à peine un peu plus. Rien sur les détails de cette affaire, aucun chiffrage, aucun plan détaillé, aucune indication temporelle. Si c’est avec ça que la Tunisie compte amadouer le FMI pour lui avancer 19 350 000 000 dinars en 2022, on n’est pas sorti de l’auberge !

On est très surpris par le caractère vague des actions à entreprendre pour réformer en profondeur les entreprises publiques, pourtant incontournable après les reculades successives de tous les gouvernements de la dernière décennie. La terminologie est imprécise, généraliste et relève plus des voeux pieux que d’un engagement ferme pour changer les choses. Pourtant on croyait que le gouvernement de Youssef Chahed avait déjà bien progressé sur la question, ne serait-ce que dans le diagnostic et les solutions à apporter, et qu’il suffit juste d’ouvrir les tiroirs, y piocher les plans d’action et passer à l’acte…

En réalité le 2e document destiné au FMI dénote une temporisation de l’équipe de Najla Bouden pour ne pas attaquer l’os dur de la réforme des entreprises publiques sur lequel tous les prédécesseurs de la cheffe du gouvernement se sont cassé les dents. Pourtant le temps presse, le FMI a fait de la signature et du cachet de l’UGTT sur ces réformes une condition pour desserrer les cordons de la bourse. Le hic c’est que la centrale syndicale bondit à chaque fois qu’elle voit “Désengagement de l’Etat des activités non stratégiques“, lequel signifie une seule chose : Privatisation

D’ailleurs depuis la rencontre entre le ministre de la Santé et le secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Taboubi, autour des voies et moyens pour sauver la SIPHAT, c’est silence radio des deux côtés. Il était question d’une batterie de solutions pour agir rapidement. Toujours rien. Et surtout cette rencontre devait être le début d’une série de pourparlers sur toutes les entreprises publiques de la place. Rien en vue…

 On attend de voir comment le gouvernement va se dépatouiller avec la Loi de finances 2022 et si le cycle des consultations sur les canards boiteux du public vont reprendre en janvier 2022. Une chose est certaine : le FMI ne donnera rien si la Tunisie n’avance pas dans ce dossier, avec des éléments palpables…

 

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