Economie

La réplique de Saïed et Abassi aux pro-BRICS : ça se passe au FMI… et ça se passe bien

La réplique de Saïed et Abassi aux pro-BRICS : ça se passe au FMI… et ça se passe bien

 

Le camp présidentiel  – le Mouvement du 25-juillet – avait lâché ça comme ça, comme un pavé dans la mare : la Tunisie boude les routes occidentales pour se diriger vers les Routes de la Soie – la Chine. Suffisant pour provoquer un émoi populaire, vous l’imaginez bien, très favorable à ce virage spectaculaire vers les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). La rumeur a encore plus enflé quand on a interprété les propos du porte-parole de la diplomatie chinoise comme une invitation directe adressée à la Tunisie pour s’asseoir à la table du président chinois Xi Jinping et du maître du Kremlin Vladimir Poutine. Mais la réalité, dictée par la realpolitik et le pragmatisme, est toute autre.

Les limites de l’anti-occidentalisme primaire

D’abord il y a le texte du porte-parole de la diplomatie chinoise. A aucun moment il ne dit explicitement que les portes sont ouvertes pour la Tunisie et qu’elle est conviée au “banquet” des BRICS, il se borne à dire que tous les pays qui aspirent à se greffer à l’organisation sont les bienvenus. Ce n’est pas la même chose ! Mais comme en Tunisie on aime les raccourcis ça a suffi au bonheur des anti-Occidentaux…

Des anti-Occidentaux qui en passant, paradoxe suprême, pour s’exiler ne choisissent pas la Chine, la Russie et encore moins l’Inde, le Brésil ou l’Afrique du Sud, mais bien le bon vieux confort occidental. Cette posture anti-occidentale se nourrit essentiellement d’un pseudo règlement de comptes avec des Européens et des Américains impérialistes qui continuent de sucer le sang des déshérités de la planète. Mais quand il s’agit concrètement d’aller combattre auprès des Chinois et Russes au nom d’un nouvel ordre les indignés de l’Afrique ne se bousculent pas au portillon.

Il y a de bonnes raisons à cela et elles sont d’abord culturelles, historiques, démocratiques avant d’être économiques (on parlera de l’économique après). Le fait est qu’on est beaucoup plus à l’aise dans nos contrées à nous, irriguées par les libertés qui sont les nôtres, même avec un vernis démocratique, que dans les étaux chinois et russe. La parenthèse se ferme ici car l’essentiel est ailleurs…

Il est dans ce qui se joue actuellement au FMI. Eh oui, retour aux choses sérieuses. Après que le président de la République a mis le feu – c’est très payant dans les sondages et ça le sera électoralement en 2024 – les autorités se coltinent les dégâts et jouent les pompiers de service à Washington. Une savante répartition des tâches dans laquelle se complaît l’exécutif depuis le 25 juillet 2021.

Pourquoi le FMI, encore et toujours et pas les BRICS ?

Kais Saied est dans la posture, les positions de principe, la grandiloquence et le gouvernement met la main dans le cambouis. C’est ainsi que les choses ont été fixées dès le début, et ça semble fonctionner puisque le gouverneur de la BCT, Marouane Abassi et le ministre de l’Economie, Samir Saïed, sont en ce moment même à la table du FMI, comme s’il n’y avait pas eu le fracas présidentiel du 6 avril à Monastir.

Ça se passe au FMI – ça se passe même bien dit-on – et pas aux BRICS parce que ces derniers restent un club fermé, comme exactement le G7 qu’ils disent combattre. Certes Jinping et Poutine convient souvent d’autres pays pour les associer à leurs travaux mais ça reste des guest-stars. Même l’Algérie, qui a une puissance financière que la Tunisie n’a pas et qui a sans doute des finances publiques plus saines, n’est pas encore officiellement admise dans le club BRICS.

Par ailleurs Jinping et Poutine, quoi qu’ils disent, n’ont pas d’alternative au FMI, à la Banque mondiale. Certes il est question de dédollariser l’économie mondiale, d’offrir d’autres recours aux pays pauvres et émergents que les institutions de Bretton Woods mais on est encore très loin de ce scénario. Rien ni personne ne peut prétendre égaler la puissance économique et financière occidentale. C’est un fait et ça le sera encore très longtemps.

La Tunisie a besoin d’être oxygénée ici et maintenant, donc là on arrête de divaguer et on va chercher les sous là où ils se trouvent : à Washington. Je ne dis pas que ça ne changera pas dans le futur mais cette affaire est renvoyée aux calendes grecques. Même les BRICS, surtout “l’usine du monde – la Chine – et l’Inde, ne peuvent pas se passer des marchés européens et américains. La Russie tient encore depuis que l’Occident a coupé les ponts mais même Poutine a reconnu que les sanctions finiront par l’impacter.

La Tunisie serait bien inspirée de suivre ce que fait la Chine et que font beaucoup de pays africains : Diversifier les partenariats et voguer au gré de ses intérêts, ne rien s’interdire, ne fermer aucune porte, et surtout pas les portes de l’Occident. Tunis n’en a pas les moyens et l’activisme des autorités auprès du FMI en ce moment même le démontre.

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