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La shrinkflation, stratégie de marketing ou manœuvre frauduleuse ?

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La reprise économique mondiale, post-crise économique liée au Covid-19, a entraîné une aggravation de l’inflation généralisée des prix des biens et des services.

Dans les faits, l’inflation actuelle impacte tous les secteurs de l’économie et notamment, l’industrie agroalimentaire dont les coûts de production augmentent. Les grands groupes cherchent donc, entre autres pratiques, à répercuter ces surcoûts sur les consommateurs. La shrinkflation est l’une des solutions utilisées par certaines marques.

Qu’est-ce la shrinkflation ?

La shrinkflation est un néologisme composé de deux termes anglais à partir de la contraction entre to shrink, qui signifie « se réduire », et inflation, qui a le même sens qu’en français.

La shrinkflation, que l’on traduit parfois en français par « réduflation », désigne ainsi une situation dans laquelle la quantité d’un bien diminue, alors même que son prix demeure stable.

C’est le cas par exemple lorsque le prix d’un produit alimentaire reste constant, mais que la contenance de cette dernière diminue. Ainsi, il n’y a pas de hausse de prix explicite, mais le consommateur reçoit une quantité moins importante pour un prix identique. 

La shrinkflation est une forme d’inflation

Le calcul de l’indice des prix à la consommation et la mesure de l’inflation, ne tiennent que difficilement compte de ce phénomène particulièrement ardu à circonscrire.

Au fait, la « shrinkflation » reste difficile à documenter, puisque les anciens formats de produits (plus grands) ne sont souvent plus en rayon, elle a tout de même réussi à démontrer son utilisation sur un panel de six produits différents notamment les produits alimentaires à l’instar des fromages, des Cake, des jus, du café, etc.

Causes de la shrinkflation

  • Une conjoncture difficile

Compte tenu de la conjoncture que nous traversons, il est à craindre que ce phénomène s’amplifie ; d’autant que les prix des emballages, des matières premières ont explosé ces derniers mois. Ainsi, l’économie tunisienne en mal de relance pourrait subir une inflation plus forte que prévu, notamment en répercussion de la flambée des prix de l’énergie et des matières premières liée à la guerre en Ukraine.

  • La concurrence

Une concurrence féroce sur le marché peut également entraîner une shrinkflation. L’industrie agroalimentaire est généralement extrêmement compétitive, car les consommateurs peuvent accéder à une variété de substituts disponibles. Par conséquent, les producteurs recherchent des options qui leur permettront de conserver la faveur de leurs clients et de maintenir leurs marges bénéficiaires en même temps.

Des experts estiment que cette pratique de shrinkflation a vu le jour bien avant la crise post-COVID.

Au fait, si les marques adoptent cette pratique, c’est aussi dans un souci de fidéliser le consommateur. Les marques ne veulent pas perdre leurs clients et essayent de la fidéliser via la shrinkflation.

Selon des spécialistes du comportement des consommateurs, il faut sept achats généralement pour que le cycle des achats récurrents s’active. En d’autres termes, ce n’est qu’après sept achats du même produit que la décision d’acheter va être stockée dans le cerveau sous forme d’automatisme. 

La décision d’achat devient alors inconsciente au sens où le consommateur ne pèse plus le pour et le contre. Si le produit n’est plus disponible, le cycle est cassé et le client n’y revient plus.

Cette technique est-elle légale ?

Selon des experts du marketing, cette pratique est permise, du moment que l’étiquetage est conforme. La meilleure solution pour les consommateurs consiste alors à vérifier le prix au kilo, qui lui augmente en cas de shrinkflation. S’il est parfois possible de constater à l’œil nu la diminution de la quantité d’un produit, certains industriels ne manquent pas d’inventivité pour la masquer.

Toutefois, la législation en Tunisie, les services du Ministère du Commerce et les associations de défense des consommateurs tardent à pointer du doigt cette pratique qui gagne du terrain et l’industrie agroalimentaire et la grande distribution ne sont pas les seules qui recourent à la «shrinkflation».

Que faire face à cette inflation masquée ?

Le nombre de produits qui subissent la shrinkflation augmente chaque année et les grands producteurs s’appuient sur cette stratégie pour maintenir les prix compétitifs de leurs produits sans réduire significativement leurs bénéfices.

Par contre, la shrinkflation conduit souvent à la frustration des clients et à la détérioration de la confiance des consommateurs à l’égard des marques très discrètes à l’égard de cette pratique. Non seulement aux consommateurs, mais aux acheteurs de la grande distribution à qui ils vendent leurs produits. 

Des consommateurs estiment que cette opacité est inacceptable et dénoncent à travers cette pratique une « inflation masquée » en changeant le poids en catimini, pour augmenter le prix au kilo sans changer le prix à l’unité, et réclament un affichage clair sur les produits lors du changement de format.

Même si cette pratique n’est pas interdite, et même si l’on comprend aussi que les coûts (matières premières, énergie, transport, …) augmentent, les fabricants et les distributeurs devraient indiquer ostensiblement aux consommateurs ces changements de format directement sur le produit par respect de la transparence.

Photos prises par les internautes tunisiens et partagées sur les réseaux sociaux

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek