Face aux difficultés croissantes d’accès aux financements internationaux traditionnels, la Tunisie opère une réorientation stratégique vers les institutions financières africaines.
Cette mutation, symbolisée par le rapprochement avec la Banque africaine d’import-export (Afreximbank), dessine les contours d’une nouvelle architecture financière pour le pays, tout en renforçant son positionnement sur le continent africain.
Un partenariat aux multiples facettes
La collaboration entre la Tunisie et Afreximbank dépasse le simple cadre des emprunts. Si le prêt de 500 millions de dollars accordé fin 2024 constitue une dynamique innovante pour les finances publiques, les modalités de ce financement révèlent une approche sophistiquée.
Le taux d’intérêt de 5,51% et l’exigence d’un dépôt de garantie de 350 millions de dollars par la Banque Centrale de Tunisie illustrent un équilibre entre accessibilité et gestion des risques. Depuis 2022, la Tunisie a déjà emprunté 1,2 milliard de dollars auprès d’Afreximbank, démontrant la profondeur de cette relation financière.
Par ailleurs, l’adhésion de la Tunisie au système PAPSS en février 2024 marque une étape décisive dans son intégration aux circuits financiers africains. Cette plateforme, interconnectant plus de 40 devises africaines, offre une alternative concrète à l’utilisation des devises fortes dans les échanges intra-africains.
L’établissement prochain d’un centre régional d’Afreximbank à Tunis renforce cette dynamique, positionnant la Tunisie comme un hub financier pour l’Afrique du Nord. Ce centre devrait faciliter les échanges commerciaux et stimuler les investissements dans des secteurs stratégiques comme la transition énergétique et le développement du capital humain.
Les perspectives du Fonds monétaire africain
L’horizon financier tunisien pourrait s’élargir davantage avec la création attendue du Fonds monétaire africain. Cette institution, conçue comme une alternative régionale au FMI, présente l’avantage majeur de pouvoir fournir des liquidités non conditionnées.
Pour la Tunisie, la participation à ce mécanisme constituerait une évolution significative dans sa stratégie de diversification des sources de financement. Le Fonds s’inscrirait dans le cadre plus large du réseau de sécurité financière mondiale (GFSN), offrant une nouvelle couche de protection contre les chocs économiques.
La réorientation africaine de la stratégie financière tunisienne représente bien plus qu’un simple ajustement tactique. Elle témoigne d’une vision à long terme visant à construire des partenariats durables et mutuellement bénéfiques au sein du continent.
Cette approche pourrait non seulement renforcer la résilience financière du pays mais aussi contribuer à l’émergence d’un nouveau modèle de coopération Sud-Sud, plus équilibré et plus autonome. L’avenir dira si cette stratégie permettra à la Tunisie de naviguer avec succès dans les eaux parfois tumultueuses de la finance internationale.
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