Economie

La Tunisie accuse un retard significatif en économie numérique

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D’après le rapport sur l’économie numérique 2021 de la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED) publié récemment, le monde a besoin d’une approche innovante en matière de gouvernance mondiale pour permettre aux données numériques de circuler entre les pays aussi facilement que nécessaire et aussi librement que possible ce qui devrait permettre à la fois de maximiser les gains du développement, de garantir une répartition équitable de ces gains et de réduire au minimum les risques et les dangers, indique l’organisation onusienne.

Elle devrait également, selon la CNUCED, permettre le partage des données à l’échelle internationale, le développement de biens publics numériques mondiaux, le renforcement de la confiance et la diminution des incertitudes au sein de l’économie numérique.

On note, en outre, que les données numériques jouent aujourd’hui un rôle de plus en plus important en tant que ressource économique et stratégique, une tendance qui a été renforcée par la pandémie de COVID-19.

La CNUCED propose donc la création d’un nouvel organe de coordination des Nations Unies, axé sur l’évaluation et le développement d’une gouvernance mondiale structurée et détaillée pour le numérique et les données, et doté des compétences nécessaires à cet effet. Les travaux de cet organisme devraient être multilatéraux, multipartites et multidisciplinaires.

Le rapport onusien met en garde contre l’émergence d’une fracture liée aux données, à mesure que l’économie numérique basée sur les données évolue. Ainsi, de nombreux pays en développement sont en train de devenir de simples fournisseurs de données brutes aux plateformes numériques mondiales, alors qu’ils doivent dans le même temps payer pour avoir accès à l’intelligence numérique obtenue à partir de leurs propres données, assure-t-on.

Alors que la course à la première place en matière de développements technologiques fait rage pour gagner toujours plus d’avantages économiques et stratégiques, les plateformes numériques mondiales continuent d’étendre leurs propres écosystèmes de données et prennent progressivement le contrôle de toutes les étapes de la chaîne de valeur mondiale des données, déclare la CNUCED.

La Tunisie n’a pratiquement pas été citée dans le rapport sur l’économie numérique 2021 de l’organisation qu’en ce qui concerne l’approche normative adoptée pour le pays en matière d’échanges des flux des données notamment celles qui sont à caractère personnel.

La Tunisie ambitionne, par ailleurs, de se positionner en hub technologique régional. Pour ce faire, les autorités tunisiennes ont élaboré plusieurs plans stratégiques nationaux, dont le plus récent est le plan national « Tunisie Numérique 2020 » avec une enveloppe globale de 5,5 milliards de dinars pour la période 2014-2020 (1/3 public, 2/3 privé), visant à faire de la Tunisie une référence numérique internationale et à promouvoir les TIC comme levier essentiel pour le développement socioéconomique du pays.

En outre, le plan ambitionne la création de 95.000 emplois sur 5 ans et permettra d’augmenter les exportations de 1 milliard à 6 milliards de dinars en 2020.

Toutefois, les investissements et les subventions directes ou indirectes sont minimes dans le numérique en Tunisie par rapport à ceux consentis dans d’autres secteurs, par l’investisseur et par l’Etat pour la création de l’infrastructure nécessaire ou pendant l’exploitation.

Actuellement, les attentes dans le domaine du développement du secteur de l’économie numérique, demeurent grandes d’autant plus que la pandémie de la Covid-19 semble pousser vers une plus grande numérisation.

Selon une étude d’impact socio-économique sur le secteur privé, publiée le 26 novembre 2020 par l’Institut national de la statistique (INS), « Les entreprises ont augmenté leur utilisation des plateformes numériques principalement pour les tâches administratives (48,6%) et pour le travail à distance (43,2%). Les utilisations des TIC pour les moyens de paiements et les ventes ont augmenté respectivement de 19,5% et 10,1% au deuxième trimestre à 26,3% et 23,1% au troisième trimestre ».

D’après le ministère des Technologies de la communication, les objectifs stratégiques se basent sur le classement de la Tunisie en première position en Afrique et n°4 dans le monde Arabe selon index NRI (Network Readiness Index).

Néanmoins, dans le rapport NRI 2020, la Tunisie est classée 10e parmi les pays arabes. Elle se classe 91e sur les 134 économies incluses. Selon les conclusions du rapport, la principale force de la Tunisie réside dans l’humain. La plus grande marge d’amélioration, quant à elle, concerne la gouvernance.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek