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La Tunisie est bel et bien à l’ère de la désindustrialisation !

La Tunisie est bel et bien à l’ère de la désindustrialisation !

L’agence de promotion de l’industrie et de l’innovation (APII) vient de publier sa note périodique de conjoncture au titre du mois de janvier 2020. A cet effet, la plupart des analyses se sont concentrées sur l’évolution de l’investissement dans le secteur industriel à 402.5 Millions de Dinars (MD) soit un accroissement de 16.8% par rapport à la même période de l’année précédente.

Ces analyses ne reflètent en aucun cas la réalité de l’investissement au niveau du secteur puisque les données de l’APII portent juste sur des intentions déclarées et pas nécessairement réalisées.

D’ailleurs, l’ex-directeur général de l’agence, Samir Bechouel a tenu à souligner lors d’une présentation des chiffres de l’investissement industriel en juillet 2018 que les investissements déclarés ne sont généralement mis en application qu’après une certaine période de la déclaration, vue les diverses procédures qui accompagnent le lancement des projets. Il a précisé que le taux de réalisation des investissements déclarés ne dépasse pas 50%. Ceci dit, uniquement la moitié des projets sont effectivement créés.

Néanmoins et compte tenu de l’immobilisme qui caractérise la situation des services administratifs, notamment, ces derniers temps et au vue de la baisse significative du financement de l’investissement (3.6% en 2019), on peut affirmer que le taux de réalisation des intentions d’investissement varie, dans les meilleures des cas, entre 20 et 30%.

La baisse constante de l’indice de production industrielle tout au long de l’année dernière, qui a atteint 3% en octobre et 0.7% fin novembre et la chute concomitante des exportations du secteur de 3.6% au terme du mois de janvier 2020, corroborent parfaitement le constat fait précédemment au niveau de la baisse certaine et forte de l’investissement dans ce créneau clé de l’activité économique. La Tunisie a fait bel et bien sa rentrée dans l’ère de la désindustrialisation!

Aussi et d’après la note de conjoncture de l’APII, Les exportations du secteur industriel sont passées de 3354.4 MD durant le mois de janvier 2019 à 3235.0 MD durant le même mois de l’année 2020, enregistrant ainsi une baisse de 3.6%. Ceci a concerné toutes les branches du secteur.

Le secteur industriel a importé pour 3621.8 MD au cours du premier mois 2020 contre 4121.7 MD en janvier 2019, enregistrant une diminution de 12.1%. Ainsi, le solde commercial du secteur industriel est déficitaire de 386.8 MD contre 767.3 MD pendant le mois de janvier de l’année 2019.

Plusieurs parties professionnelles et des think tanks n’ont cessé de réagir à la situation désastreuse du secteur industriel en Tunisie. Une récente étude effectuée par le Conseil d’analyses économiques (CAE), a mis en garde contre les risques de désindustrialisation du pays par l’effet du rôle nocif que jouent les monétaristes et les lobbys d’importateurs fort représentés à l’Assemblée des représentants du peuple et dans l’administration.

L’étude cite trois indices pour justifier ce déclin industriel, depuis les événements du 14 janvier 2011 : baisse continue de l’investissement avec la perte de 400 entreprises et de 40000 emplois dans la seule filière du textile/habillement, cuir et chaussure, l’ouverture non maîtrisée des importations dopant l’économie parallèle et la suppression des incitations aux secteurs productifs.

Selon le CAE, le danger est réel : une politique économique «business as usual» ouvrirait la voie au scénario de récession, à la désindustrialisation et à la sortie de la Tunisie du monde de la création de valeur.

Le recul de la production industrielle au cours des neufs premiers mois 2019, après une quasi-stagnation du secteur au cours des 8 dernières années confirme, selon le think tank, l’éventualité d’un tel scénario.

Face à un tournant historique avec des défis majeurs à relever, le CAE a pris l’initiative d’élaborer un pacte pour la compétitivité économique et l’équité sociale, centré sur le secteur industriel. Il est adossé à vingt pactes sectoriels de compétitivité, tous fruit d’analyses approfondies et de concertations multiples.

 

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