Economie

La Tunisie est le pays de la plus grande concentration des entreprises publiques dans la zone MENA

La Tunisie est le pays de la plus grande concentration des entreprises publiques dans la zone MENA

Tunisie Numérique continue en exclusivité à publier les détails du document élaboré par la Présidence du Gouvernement (PG) intitulé « Programme de réformes pour une sortie de crise » et destiné au FMI en vue d’un nouvel accord de financement.

Dans son analyse du contexte économique du pays, la PG a comparé dans son document des niveaux de la masse salariale, du poids du secteur public dans l’économie (nombre des entreprises publiques) et des subventions par rapport au PIB en comparaison à un groupe de pays de la zone MENA dont la situation socio-économique est relativement proche de celle de la Tunisie.

Le nombre des entreprises publiques (EP) est de 110 et est le plus élevée de la zone MENA par rapport au nombre des habitants, comparé au Liban (20), le Maroc (70), l’Egypte (300) et la Jordanie (29).

Le document officiel assure que la situation financière des EP est préoccupante en raison de leur mauvaise performance et la détérioration de leur situation financière.

On évoque aussi d’autres problèmes tels que la politique de tarification non appropriée, la détérioration de la qualité des services publics, l’acuité des risques au niveau du budget, le relèvement des subventions annuelles et la hausse des transferts (prise en charge des garanties, augmentation de capital, etc.) outre la forte augmentation des arriérées et des garanties de l’Etat.

Il a été noté, également dans le cadre d’une comparaison au niveau de la zone MENA, que pour la Jordanie, une revue des engagements des EP a été faite pour identifier les risques latents sur le budget, alors qu’en ce qui concerne l’Egypte, la réforme des EP est déjà amorcée avec des amendements du cadre réglementaire favorisant la transparence, la responsabilité des conseils d’administration et la restructuration de certaines EP en difficulté, notamment dans le secteur textile et via l’association du secteur privé qui s’associe à l’État à travers le « Sovereign Fund of Egypt » afin d’acquérir des participations dans des EP via l’introduction en bourse.

Au Maroc, la réforme des EP a été mise en place à travers la promulgation d’une loi pour recentrer le modèle d’entreprise (suppression, transformation en société commerciale) et d’un cadre réglementaire pour la mise en place d’une agence nationale chargée de la gestion stratégique des participations de l’État.

Contrairement à ces pays et en toute évidence, les EP en Tunisie ne sont pas ou plutôt ne sont plus restructurables.

Rappelons, sous cet angle, que Nouredine Taboubi, le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), a appelé le 1er décembre 2021, au sauvetage de ces entreprises, en leur restructurant, tout en dénonçant les appels à leur privatisation.

Toutefois, fin novembre, le site économique international « The Banker » a mis en garde contre le risque lié aux crédits octroyés aux EP qui représentent 3 fois les fonds propres des banques tunisiens, dans leur ensemble.

Par ailleurs, le ministère des finances a publié au mois de mai 2020, deux rapports sur la situation des entreprises publiques et leur niveau d’endettement.

L’analyse des indicateurs de 31 entreprises publiques qui représentent un peu plus de 90% du courant d’« affaires » de l’ensemble du secteur montre ce qui suit :

  • Le montant du capital négatif des entreprises publiques, les plus vulnérables financièrement avoisine les 10 milliards de dinars,
  • Ce capital négatif, dû aux pertes cumulées ces dernières années (4755 millions de dinars, fin 2018 soit 8.5% du PIB), est financé par les banques (16545 millions de dinars) ou le non-paiement des cotisations sociales et les fournisseurs locaux et étrangers. Le montant global des dettes de ces entreprises s’élève à 30968 millions de dinars,
  • Ces dettes dépassent 7,5 fois les capitaux restants au total, de ces entreprises qui ne sont donc plus viables en considération de la situation dégradée de leur structure capitalistique.

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