Economie

La Tunisie parmi les trois premiers pays susceptibles de faire défaut, selon Morgan Stanley

La Tunisie parmi les trois premiers pays susceptibles de faire défaut, selon Morgan Stanley

Selon un nouveau rapport de « Reuters », les signes conventionnels de la crise de la dette, à savoir l’effondrement des devises, les pertes des marges sur les obligations souveraines d’au moins 1000 points de base et l’érosion des réserves de change, indiquent qu’un nombre record de pays en développement sont désormais en difficulté.

Le Liban, le Sri Lanka, la Russie, le Suriname et la Zambie sont déjà en défaut de paiement, la Biélorussie est au bord du gouffre et une douzaine d’autres pays au moins sont dans la zone de danger, car la hausse des coûts d’emprunt, l’inflation et l’explosion de la dette sont autant de facteurs qui alimentent les craintes d’un effondrement économique imminent.

Le calcul du coût total de la dette en souffrance à travers le monde est une source d’inquiétude, d’après l’agence, puisqu’on évoque un encours d’environ 400 milliards de dollars de dettes au seuil de l’accrochage. L’Argentine est de loin le pays le plus endetté avec plus de 150 milliards de dollars, suivis par l’Equateur et l’Egypte avec des dettes de 40 à 45 milliards de dollars.

Un espoir est tout de même gardé pour éviter le défaut de paiement, si les marchés mondiaux se calment et au cas où le FMI apporte son soutien, mais plusieurs pays restent à risque.

Concernant la Tunisie, Reuters souligne que l’Afrique compte un grand nombre de pays qui font appel au FMI, mais la Tunisie semble être l’un des pays les plus à risque.

Ce risque tient, selon le rapport de « Reuters » à plusieurs facteurs : un déficit budgétaire de près de 10% du PIB, l’une des masses salariales du secteur public les plus élevées au monde et des craintes que l’obtention, ou du moins le respect, d’un programme du FMI ne soit difficile en raison de la volonté du président Kais Saied de renforcer son emprise sur le pouvoir et de la position du syndicat puissant du pays.

Aussi, on précise que les spreads des obligations tunisiennes – la prime que les investisseurs exigent pour acheter les titres de la dette plutôt que des obligations américaines – ont augmenté à plus de 2800 points de base et, avec l’Ukraine et le Salvador, la Tunisie figure sur la liste des trois premiers pays susceptibles de faire défaut, selon la banque d’investissement américaine Morgan Stanley.

Il est à noter que l’Etat tunisien émet périodiquement différents lots d’obligations sur les marchés financiers internationaux en tant qu’instruments d’endettement extérieur en devises extérieures.

Le 16 mai dernier, les obligations 6,375% – 19/26 ont chuté à des niveaux record sur la Bourse de Francfort (Börse Frankfurt) en basculant pour la première fois à 55.08 dollars US (USD) contre 56.89 USD fin mars 2022 date à laquelle elles avaient été cotées pour la première fois à moins de 60 USD.

Les obligations souveraines tunisiennes n’ont cessé de régresser depuis des mois en raison essentiellement de l’instabilité économique, institutionnelle et politique au pays et l’impossibilité de mobiliser des ressources extérieures vitales pour les finances publiques détériorées et ce, spécialement auprès du FMI.

D’ailleurs, Morgan Stanley a prévu dans son dernier rapport d’évaluation du profil stratégique – crédit souverain de la Tunisie publié le 21 mars 2022, un rendement de sortie de 13% pour un bon de dette souveraine de la Tunisie sur le marché obligataire international compte tenu des hypothèses générales associées à une décote de 20%.

Pour l’obligation d’Etat 5,75%-2025, cela implique une valeur de récupération/recouvrement de 66 USD c’est-à-dire en baisse de 3,5% par rapport au prix courant sur le marché. On a prévu également un rendement de 55% à ce scénario. Morgan Stanley a prévu également des probabilités de rendement de 15 et 30% à ses scénarios baissier et haussier, respectivement, ce qui implique que la valeur de récupération / recouvrement pondérée par la probabilité de profitabilité est de 69 USD.

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