Economie

La Tunisie sur-sollicite le marché domestique en financements (Trésor Français)

Partager

Limité dans l’accès aux financements extérieurs par la dégradation de sa note souveraine et l’absence de programme FMI, la Tunisie sur-sollicite le marché domestique, révélé une note élaborée récemment par la Direction Générale du Trésor Français et intitulé « Alors que ses fondamentaux sont faibles, l’économie tunisienne pâtit de l’impact de chocs exogènes ».

La note souligne, au fait, que les emprunts domestiques ont couvert les 2/3 des besoins en 2021 contre 1/3 initialement prévu alors que les autorités ont fait appel à un grand emprunt national complémentaire cette année (2,1 Md TND soit 650 MEUR). On indique, dans ce contexte, qu’un programme de réformes négocié avec le gouvernement tunisien a fait l’objet d’un accord technique (« Staff Level Agreement ») en octobre 2022 avec les services du FMI et une facilité élargie de crédit de 1,9 Md $ sur 4 ans est envisagée mais n’a toujours pas pu être examinée en CA du FMI.

Le service de la dette maintient les besoins de financement au niveau très élevé

Compte tenu des craintes croissantes sur la soutenabilité de sa dette en l’absence de programme FMI, la Tunisie fait face à de grandes difficultés pour emprunter et financer ses besoins, précise la note tout en ajoutant que les besoins de financement par emprunt ont doublé de 10 à 20 milliards de dinars (Mds TND) en 2020 puis en 2021.

En dépit d’effort apparents de consolidation, le service de la dette maintient les besoins de financement bruts par emprunts en 2023 au niveau très élevé de 24,4 Md TND soit 7,3 Md EUR, dont les 2/3 seraient financés à l’extérieur tandis que la loi de finances prévoit la levée de 4,5 Md EUR d’emprunts extérieurs, difficilement envisageable sans l’adoption d’un programme FMI, martèle la D.G. du Trésor Français. 

Elle précise que le service de la dette pour 2023 atteint 21,1 Md TND (6,4 Md EUR), soit une réévaluation de 4 Md TND (1,2 Md EUR) par rapport à la programmation budgétaire pluriannuelle de la LFI 2022.

La Tunisie encourt une situation financière tendue

La Note révèle que la situation budgétaire menace la stabilité économique et financière du pays tout en indiquant que s’il n’y a pas de risque avéré de crise de liquidités, la situation dans le système bancaire domestique se tendra sans intervention supplémentaire de rachat d’obligations souveraines par la banque centrale.  

Ainsi, outre le risque inflationniste d’une telle monétisation indirecte de la dette, la hausse de l’exposition souveraine des banques met en risque leur bilan et la confiance qui leur est accordée puisque mi 2022, l’encours de créances des banques sur l’Etat et les entreprises publiques dépasse 100% de leurs fonds propres provisions comprises (23 Md TND dont 13 en obligations, 2,5 en prêts syndiqués en devises et 8,2 de prêts aux entreprises publiques). 

Les agences de notations ont dégradé la note de 4 banques et nombre d’entre elles font désormais face à des exigences accrues de leur correspondantes étrangères pour financer les opérations de trading. Le maintien de besoins de financement entre 10 et 16% du PIB jusqu’en 2026 selon le FMI ne laisse à la Tunisie aucune marge de manœuvre, alors que le recours au système bancaire domestique atteint ses limites. Sans conclusion d’un accord avec le FMI, la Tunisie encourt une situation financière tendue avec des remboursements relativement lourds de dette extérieure fin 2023, martèle-t-on.

Laissez un commentaire
Publié par
Mohamed Ben Abderrazek