Ce n’est un secret pour personne, les relations entre la cheffe de file de l’extrême droite française, Marine Le Pen et le président américain, Donald Trump, sont tout sauf cordiales. La tension remonte à 2017, quand Mme Le Pen fit le déplacement jusqu’à New York pour aller voir Trump, élu en 2016 pour un premier mandat. Le républicain avait finalement fait faux bond à la dame, qui l’avait guetté tout un après-midi au café en bas de la Trump Tower. Quand Trump était venu à Paris en 2018 il n’avait même pas daigné faire une petite place à la présidente du Rassemblement national (RN). Il a récidivé lors de sa cérémonie d’investiture pour le second mandat : Pas d’invitation personnelle pour Mme Le Pen. Alors qu’Eric Zemmour et sa compagne Sarah Knafo, qui ne pèsent rien sur l’échiquier politique, ont été conviés à la Maison Blanche. Cette animosité entre Trump et la cheffe du RN a laissé des traces.
Entre temps Mme Le Pen et son poulain Jordan Bardella sont devenus des ténors de la scène politique française, au point que les sondages les donnent gagnants à la prochaine présidentielle. Ce statut donne des ailes à l’extrême droite française et un goût de revanche après les brimades. Mme Le Pen n’a jamais été une groupie de Trump, elle a certes été tentée mais ça ne s’est pas fait pour les raisons qu’on a dites. Elle entend maintenant se positionner comme une opposante du républicain…
Ce calcul n’est pas insensé politiquement, la présidente du RN sait que le rang des adversaires du président américain va enfler au fil du temps, que ce soit aux USA, en Europe et ailleurs dans le monde. Hier samedi 8 février le groupe parlementaire d’extrême droite Patriotes pour l’Europe a sonné le rassemblement à Madrid (Espagne). L’occasion pour Mme Le Pen de dire ses vérités – qui ont certainement atterri à la Maison Blanche – et de prendre le contrepied de ses camarades européens, ostensiblement «trumpiens».
«La France ne peut pas être la fille des États-Unis, parce qu’elle en est déjà la mère», a asséné Mme Le Pen en marge de cette grand-messe à Madrid. Elle fait allusion à la place centrale de La Fayette dans la guerre d’indépendance américaine. «Les nations doivent parler entre elles (et) créer à nouveau des relations bilatérales», a-t-elle plaidé…
Flanquée des dirigeants des partis nationaux européens qui travaillent avec les eurodéputés RN à Strasbourg dans ce groupe, celle qui a été trois fois candidate à la présidentielle française (dont 2 finales face à Emmanuel Macron) est d’avis que l’élection de Trump ne doit pas être «interprétée comme un appel à un alignement», mais «une invitation à suivre ce mouvement de renaissance qui surgit dans de nombreux points de l’Occident».
Une pierre lancée directement dans les jardins du Premier ministre hongrois, Viktor Orban et de la cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, des amis de Trump qui s’assument publiquement, très loin de la tiédeur de leurs pairs européens. L’extrême droite européenne a poussé le mimétisme jusqu’à adopter comme slogan pour son congrès. «Make Europe Great Again» (Rendre à l’Europe sa grandeur), une paraphrase du fameux «Make America Great Again» de Trump…
«Grotesque», ont taclé sévèrement les collaborateurs de Mme Le Pen il y a quelques jours. «Je crois que la puissance de l’Europe tient dans la puissance de ses nations», a commenté leur cheffe hier dans la capitale espagnole. «Ce défi de puissance est une exhortation à une existence dans le monde qui vient, dans l’histoire qui s’écrit (…). Dans ce contexte nouveau, nous, nationaux d’Europe, sommes les seuls à pouvoir parler à la nouvelle administration Trump», a-t-elle ajouté.
Et quand on l’interroge sur la prétendue trouvaille du président américain sur Gaza – sa prise de contrôle pour la transformer en «Côte d’Azur du Moyen-Orient» la présidente du RN n’est pas plus amène : elle n’a «même pas réussi à comprendre quel était en réalité l’objectif» de cette annonce. «Je vais attendre d’en savoir un peu plus. Donald Trump, il est très américain, moi je suis française. Et parfois, il lance des grandes déclarations et on ne sait pas trop ce qu’il y a derrière», recadre sèchement Mme Le Pen.
Vous l’aurez compris : l’extrême droite française (je ne parle pas de Zemmour et Mme Knafo, qui ne représentent qu’eux-mêmes) ne se couchera pas devant l’homme qui terrorise la planète entière.
Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!

Commentaires