Economie

L’accord salarial avec l’UGTT « soutien les progrès vers un accord avec le FMI » ; relève Moody’s

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Les bonnes nouvelles se succèdent ? pas à ce point quand-même. Mais, dans le marasme ambiant, les signes positifs s’enchaînent. Ça ne trompe pas ! Le vent tourne-t-il en faveur du « navire Tunisie » ? En tous les cas, ce dernier tangue moins. Il essaye de maîtriser les flots. Il avance, tant bien que mal, dans cette mer agitée par la Covid et les retombées dramatiques de la crise russo-ukrainienne.  Un constat relevé par Fitch. Que vient de confirmer Moody’s !

Dans un commentaire destiné ; aujourd’hui 19 septembre 2022 ; aux investisseurs, mais aussi au grand public, Moody’s titre : « Gouvernement tunisien : Un accord avec les partenaires sociaux est une étape vers le programme du FMI, mais des obstacles subsistent ». En une phrase, l’agence de notation résume une situation. Particulière fait-il le préciser.

L’analyse est fort intéressante. A plus d’un titre.

D’abord, sur le plan de la conjoncture : Le gouvernement tunisien (noté « Caa1 négatif » par Moody’s) est parvenu à un accord avec l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), principale organisation syndicale du pays, portant sur une hausse des salaires du secteur public pour les trois prochaines années. « Une étape clé vers un nouveau programme du FMI », souligne Moody’s. Qui évalue que compte tenu des conditions de financement intérieur et extérieur difficiles, les besoins de financement élevés du gouvernement, sont estimés « à 15-20 % du PIB par an jusqu’en 2025 » et qui « ne peuvent être satisfait que grâce au financement concessionnel qu’un nouvel accord avec le FMI débloquerait ».

Cet accord, toujours selon Moody’s, pourrait impliquer « une modeste maîtrise de la masse salariale en termes réels ». Qui ajoute que « la réduction de la très importante masse salariale de la fonction publique – qui s’élevait à 15,4 % du PIB en 2021 – a été politiquement difficile sans le soutien de l’UGTT ».

Ensuite, au niveau de la démarche : L’accord entre le Gouvernement été l’UGTT « intervient dans le contexte de la poursuite des négociations sur un nouveau programme du FMI qui est resté insaisissable depuis que le précédent accord de quatre ans a été résilié en avril 2020 ». Cet accord traduit, surtout, un large consensus demandé par le FMI. Le soutien aux réformes est en marche.

Car, Moody’s affirme de go « un nouvel accord avec le FMI est devenu essentiel compte tenu de la position élevée des besoins de financement du gouvernement et les importants déséquilibres budgétaires et extérieurs ».

Ainsi, l’agence de notation estime que les besoins de financement de la Tunisie oscilleront entre 15 à 20 % du PIB au cours des trois prochaines années. Ce qui reflète « un profil difficile du service de la dette et des déficits budgétaires toujours élevés ». Moody’s s’attend donc « à ce que le déficit budgétaire se creuse pour le reste de l’année, atteignant 8,6% du PIB pour l’ensemble de 2022 ». Cela traduit l’impact significatif de la hausse des prix de l’énergie et des denrées alimentaires et leur matérialisation sur la facture des subventions. Le déficit du compte courant reflètera donc cette situation : il devrait atteindre « près de 10 % du PIB cette année, après s’être réduit à 5,9 % du PIB en 2021 ».

Last, but not the least; Moody’s donne ses projections: Un indicateur de taille, celui des réserves de change de la Tunisie « restées relativement résistantes, avec un solde net actifs couvrant 111 jours d’importations », note Moody’s. Cependant, le travail doit continuer et la vigilance être de mise : « la dynamique difficile de la balance des paiements pourrait rapidement faire pression sur le coussin de change et ce, en l’absence d’un accord rapide sur un nouveau programme du FMI ».

Parallèlement, si l’accord salarial avec l’UGTT « soutienne les progrès vers un accord avec le FMI ». Ce dernier « est susceptible de rechercher de nouveaux engagements sur d’autres domaines de réforme à couvrir dans le cadre d’un programme, y compris la restructuration des entreprises publiques déficitaires et la levée progressive des subventions à la consommation au profit de transferts financiers plus ciblés ». Autant d’éléments qui semblent avoir bien figurés dans les discussions entre l’UGTT et le gouvernement Bouden.

En guise de conclusion, Moody’s ajoute que « le degré de consensus parmi les parties prenantes et les groupes d’intérêts sociaux sur ces réformes reste incertain » et ce, « tandis que les antécédents de retards des réformes passées assombrissent les attentes de succès dans un environnement politique et économique moins propice », relève l’agence de notation.

C’est bien Moody’s qui le dit : la Tunisie n’a pas fini avec les ratages des différents gouvernements qui se sont succédé. Décidément, le tribut de l’incompétence des politiques est payé par le peuple qui cravache durement pour subvenir à ses besoins. Parfois élémentaires. Et dire que certains partis politiques se demandent encore pourquoi le peuple les vomit ? Une leçon à retenir pour l’ancienne, l’actuelle et future classe politique. A bon entendeur.

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Publié par
Amazigh Bejaoui
Tags: FMI