Economie

L’Algérie révise son accord de partenariat avec l’Union européenne après 20 ans de collaboration

L’Algérie révise son accord de partenariat avec l’Union européenne après 20 ans de collaboration

L’Algérie amorce un tournant dans ses relations avec l’Union européenne, en annonçant une révision nécessaire de l’accord de partenariat qui les lie depuis plus de deux décennies.

Cette révision, annoncée par le président Abdelmadjid Tebboune, s’inscrit dans le cadre d’une réévaluation des relations économiques, politiques et sociales avec le bloc européen.

Cet accord, signé en avril 2002 et entré en vigueur en septembre 2005, a joué un rôle majeur dans la structuration des échanges entre les deux parties, mais les réalités économiques actuelles exigent des ajustements importants.

Un partenariat de longue date aux résultats mitigés

Depuis la mise en œuvre de cet accord, les échanges commerciaux entre l’Algérie et l’Union européenne ont atteint près de 29,9 milliards de dollars en 2024. Cependant, de nombreux économistes et observateurs pointent du doigt un déséquilibre structurel dans ces échanges.

En effet, l’Algérie est demeurée largement dépendante de ses exportations d’hydrocarbures, tandis que ses exportations hors hydrocarbures vers l’Europe restent marginales. Cette dépendance a limité l’impact économique de l’accord pour le pays, qui n’a pas réussi à diversifier suffisamment son économie, malgré les promesses initiales.

Les raisons de la révision

La révision de cet accord est motivée par plusieurs facteurs économiques et politiques. D’une part, l’Algérie fait face à une transformation de ses priorités économiques, cherchant à renforcer son industrie nationale et à réduire sa dépendance à l’égard des hydrocarbures. D’autre part, la conjoncture internationale, notamment l’évolution des prix de l’énergie et les tensions géopolitiques, pousse Alger à revoir ses relations avec l’UE sous un angle plus avantageux pour son propre développement.

Les pertes financières subies en raison de l’exemption des droits de douane imposée par l’accord sont également un facteur clé. Selon les estimations, l’Algérie aurait perdu environ 5,5 milliards de dollars depuis 2012 en raison de la suppression progressive de ces droits, rendant la révision de l’accord encore plus urgente.

Les clauses de l’accord initial

L’accord de partenariat entre l’Algérie et l’Union européenne contient plusieurs clauses importantes qui définissent les contours de cette coopération. Parmi elles :

  • Dialogue politique : L’accord prévoit un cadre pour renforcer le dialogue politique entre les deux parties, afin de consolider leurs relations et de promouvoir une coopération dans tous les domaines jugés pertinents.

  • Équilibre économique et social : Il est stipulé que les relations économiques et sociales doivent évoluer de manière équilibrée entre les deux parties, en évitant toute domination d’une partie sur l’autre.

  • Encouragement des échanges humains : L’accord cherche également à encourager les échanges humains, notamment à travers des simplifications administratives pour faciliter les déplacements entre les deux régions.

  • Coopération dans divers domaines : Une des clauses prévoit la promotion de la coopération dans les domaines économique, social, culturel et financier, afin de renforcer les liens bilatéraux.

  • Zone de libre-échange : L’accord prévoit également la création d’une zone de libre-échange pour les produits industriels, avec une libéralisation progressive des produits agricoles, alimentaires et halieutiques.

  • Élimination des droits de douane : L’un des aspects les plus notables de l’accord est l’engagement à éliminer progressivement les droits de douane sur trois phases, pour aboutir à une exemption totale entre 2012 et 2017.

  • Protection de l’industrie nationale : L’Algérie a également mis en place des mesures pour protéger son industrie nationale, avec des clauses spécifiques sur la lutte contre le dumping, les mesures compensatoires et les mesures de protection.

Vers une révision stratégique

L’Algérie estime que l’accord, tel qu’il a été appliqué jusqu’à présent, n’a pas produit les résultats escomptés en termes de développement industriel et de transfert de technologie. L’Algérie avait signé l’accord dans un contexte économique difficile, mais la situation actuelle, où l’économie algérienne s’est quelque peu redressée, permet aujourd’hui de négocier en position de force, notamment grâce à ses réserves énergétiques stratégiques.

Un contexte géopolitique sensible

Cette révision intervient également dans un contexte de relations géopolitiques tendues entre l’Algérie et certaines nations européennes. Ces dernières années, les tensions ont été exacerbées par des divergences politiques, notamment sur des questions liées aux droits de l’homme et à la migration. La révision de l’accord permettrait à l’Algérie de mieux protéger ses intérêts économiques tout en réaffirmant sa souveraineté.

En conclusion, la révision de l’accord de partenariat entre l’Algérie et l’Union européenne est perçue comme une opportunité pour rééquilibrer les relations entre les deux parties.

Le gouvernement algérien cherche à renforcer son industrie, à encourager les investissements et à protéger son économie nationale tout en tirant parti de ses atouts géopolitiques dans le domaine de l’énergie.

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