Economie

L’Allemagne échappe de peu à la récession mais reste freinée par le chômage et les tensions commerciales

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L’économie allemande a enregistré une croissance modeste de 0,2 % au premier trimestre 2025, selon les données publiées ce mardi par l’Office fédéral de la statistique. Un léger sursaut qui permet à la première économie européenne d’éviter de justesse une récession technique, après un recul équivalent (-0,2 %) au dernier trimestre de 2024.

Un sursaut fragile porté par la consommation

Ce redressement limité s’explique essentiellement par la reprise modérée de la consommation des ménages et de l’investissement privé, deux moteurs internes qui ont permis de compenser partiellement le ralentissement des exportations, traditionnel pilier de l’économie allemande.

Malgré cette embellie, le paysage économique reste fragile, comme l’a souligné Jörg Krämer, chef économiste chez Commerzbank : « Cette croissance ne doit pas masquer le fait que l’Allemagne est encore loin d’une reprise forte et durable. »

Chômage en hausse et inquiétudes sociales

Les signaux d’alerte ne manquent pas. Le taux de chômage est monté à 6,3 % en avril, son plus haut niveau depuis décembre 2015 hors période Covid, selon l’Agence fédérale pour l’emploi.

Le nombre de demandeurs d’emploi a progressé de 4 000 personnes, atteignant 2,92 millions, frôlant ainsi le seuil symbolique des 3 millions pour la première fois depuis près d’une décennie.

Inflation modérée mais incertitude persistante

Côté prix, l’inflation annuelle est tombée à 2,1 % en avril, contre 2,2 % en mars, selon l’Office fédéral de Wiesbaden. Une bonne nouvelle apparente, qui pourrait favoriser un assouplissement monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) dès le mois de juin, selon les analystes de Reuters.

Dans le détail, les prix de l’énergie ont reculé de 5,4 % sur un an, notamment grâce à la baisse des prix du pétrole dans un contexte de tensions douanières internationales, tandis que les prix alimentaires ont augmenté de 2,8 %, bien que leur rythme de hausse ralentisse. En revanche, l’inflation sous-jacente, excluant énergie et alimentation, a progressé à 2,9 %, ce qui pourrait compliquer les choix futurs de la BCE.

L’ombre des politiques protectionnistes américaines

Parmi les principales sources d’incertitude, les économistes pointent la politique commerciale agressive du président américain Donald Trump, qui continue d’imposer de nouveaux droits de douane sur les importations. Une stratégie jugée préoccupante pour l’Allemagne, dont le modèle économique reste fortement dépendant des exportations industrielles.

Face à ces tensions et à un environnement mondial peu porteur, la Bundesbank elle-même a prévenu que le PIB pourrait rester sous pression toute l’année, faisant de l’Allemagne le seul pays du G7 à risquer trois années consécutives de stagnation ou de recul économique.

Un avenir économique en demi-teinte

Si la baisse de l’inflation est accueillie positivement, les perspectives de croissance restent très incertaines, entre un marché du travail sous tension, une demande mondiale faiblissante et un contexte géopolitique défavorable. Pour les experts, le léger rebond du premier trimestre ne constitue pas un renversement de tendance, mais plutôt une pause dans un cycle de ralentissement plus profond.

 

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