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L’Allemagne se “francise” : Une grosse grève bloque tout le pays

L’Allemagne se “francise” : Une grosse grève bloque tout le pays

Le fait est assez rare pour être souligné : l’Allemagne, première économie du continent européen, est frappée par une grosse grève. Le mouvement a débuté ce lundi 27 mars dans tout le secteur du transport et les syndicats affichent leur volonté de paralyser tout le pays au nom de la lutte pour la hausse des salaires…

Les employés des aéroports, du ferroviaire, du fret maritime, des sociétés d’autoroutes et des transports locaux ont commencé le débrayage à minuit (22h00 GMT), pour vingt-quatre heures. Cette grève est l’épilogue de protestations sociales généralisées en Allemagne depuis le début de l’année : écoles, hôpitaux, La Poste…, partout on grogne.

Si en France l’union sacrée des syndicats est assez courante – comme en ce moment – en Allemagne voir EVG et Ver.di (qui pèsent respectivement 230 000 agents dans les sociétés ferroviaires et 2,5 millions d’employés dans les services) est rarissime. Les médias allemands n’hésitent pas à parler de “Mega-Streik” – méga grève –, une parade des syndicats face à une inflation qui malmène les ménages depuis plus d’un an, 8,7% en février.

EVG et Ver.di exigent plus de 10% de majoration salariale. Les employeurs – les États, les communes et les entreprises publiques – mettent sur la table 5% de hausse, avec deux versements uniques de 1000 et de 1500 euros.

Depuis ce matin près de «30 000 salariés» du secteur ferroviaire ont stoppé le travail, d’après EVG. Sur tout le territoire «le trafic des grandes lignes a été suspendu, tout comme les lignes régionales», selon la Deutsche Bahn. Les vols sont supprimés dans la grande majorité des aéroports, dont les deux plus importants, Francfort et Munich.

Dans plusieurs grandes villes les transports publics sont à l’arrêt. À Berlin le réseau S-Bahn – qui englobe les lignes de tramway et métro – est paralysé. L’association des aéroports allemands (ADV) s’insurge contre une stratégie «d’escalade des grèves sur le modèle de la France», secouée en ce moment par une cascade de journées de mobilisation contre la réforme des retraites.

Le président du syndicat Ver.di, Frank Werneke, droit dans ses bottes, rétorque ceci : «Un conflit social qui n’a pas de répercussions est un conflit social inoffensif». Fini l’ère du consensus qui a caractérisé les rapports sociaux en Allemagne lui évitant bien des remous. «Il y a eu plus de grèves ces dix dernières années en Allemagne que dans les décennies précédentes», souligne un expert de l’institut économique DIW cité par Le Point.

L’ancien chancelier Gerhard Schröder, pour doper la compétitivité du pays, avait réussi à convaincre les syndicats de contenir les salaires. Mais cette page est définitivement tournée. En 2015 le mouvement social a atteint son pic, avec plus de 2 millions de jours de grève dans l’année. Les rémunérations effectives ont suivi une montée régulière de 2014 à 2021, sauf en 2020, du fait de la pandémie de Covid-19. Mais là l’élan s’est cassé avec un repli de 3,1% des salaires, du fait de l’inflation de 2022.

 

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