Economie

Lancement des cessions des participations publiques dans les banques mixtes

Lancement des cessions des participations publiques dans les banques mixtes

Les autorités ont commencé à prendre des dispositions pour céder les participations publiques dans certaines banques mixtes dans le cadre du programme du gouvernement Bouden visant à réformer le secteur bancaire et financier en limitant l’engagement de l’Etat dans les banques commerciales particulièrement celles aux capitaux mixtes tuniso-étrangers. 

Récemment, le gouvernement a examiné lors d’une séance de travail ministérielle les préalables pour la réduction des parts publiques directes et indirectes aux banques mixtes, et ce, soit à travers la cession de la totalité de ces parts ou via l’ouverture des capitaux à des partenaires stratégiques.

Défis multiples

Des sources financières bien informées assurent que le gouvernement a commencé à préparer le dossier technique de cession de ses parts à la North Africa International Bank (NAIB Bank), une banque mixte tuniso-libyenne dans laquelle l’État tunisien détient directement 23,7% du capital, en plus de parts de 27% revenant à quatre institutions publiques dont la Caisse Nationale de Retraite et de Prévoyance Sociale (CNRPS).

Ils ont également confirmé que le gouvernement étudie la possibilité pour l’État tunisien de renoncer au droit préférentiel de souscription dans le processus d’augmentation du capital de la Banque Tuniso-libyenne (BTL) en faveur d’un partenaire stratégique tunisien, à condition qu’un pacte d’actionnaires soit conclu entre le partenaire stratégique et l’État qui leur garantit de travailler au sein de la banque en tant que bloc unique permettant l’exercice du contrôle de l’établissement. 

Le gouvernement a aussi examiné l’éventualité d’augmenter le capital de la Tunisian Saudi Bank (TSB), ex STUSID Bank, de 70 millions de dinars afin de maintenir la part de l’Etat et des actionnaires publics dans le capital de la banque au niveau de 50%.

L’Etat tunisien a également l’intention de transférer toutes ses parts directes et indirectes dans le capital d’Al Baraka Bank Tunisie, qui s’élèvent à 20%, au profit de la partie saoudienne au cas où un accord à cet effet ne serait pas conclu avec elle. 

La démarche du gouvernement pour réduire ses parts directes et indirectes aux banques mixtes est attendue, étant donné que la réforme du secteur financier est un élément clé dans les conditions pour le déblocage du financement par le Fonds monétaire international, d’autant plus que le pays connait un émiettement du secteur financier malgré son importance dans le financement de l’économie de près de 90%.

Au fait, la plupart des banques tunisiennes sont de petite taille et souffrent d’une faible solvabilité ainsi que du non-respect des ratios de capitalisation fixés par les normes internationales, ce qui explique largement la démarche des autorités de renoncer aux participations publiques dans les banques mixtes.

Les banques mixtes ont été créées en Tunisie dans les années quatre-vingt pour des raisons politiques, les autorités ayant décidé à l’époque le transfert d’une partie des activités des banques opérant au Liban pendant la guerre civile.

À l’époque, le gouvernement de feu Mohamed Mzali a également accordé aux investisseurs d’importants avantages pour créer des banques d’investissement tuniso-étrangères qui ont contribué au financement de grands projets économiques, avant que leur rôle ne diminue avec leur conversion en banques universelles en vertu d’une loi promulguée en 2001.

D’une manière générale, ces banques n’ont pas réussi leur conversion en des banques universelles pour des raisons multiples : politiques, liées à leur faible capitalisation, manque de compétitivité, dispersion du secteur bancaire local, etc.

La Tunisie a enregistré, par ailleurs, plusieurs opérations de cession de participations publiques dans des banques mixtes telles qu’au niveau de la Banque tunisienne Koweïtienne.

Un secteur émietté

Dernièrement, l’agence de notation Mood’ys a attiré l’attention à la croissance économique atone, la montée des pressions inflationnistes, la faiblesse de l’investissement privé et le retard des réformes structurelles en les considérant comme causes pouvant affecter la capacité des banques en matière de financement des agents économiques, outre l’impact négatif sur leurs rentabilités, liquidités et solvabilités.

Aussi, Moody’s estime que l’exposition totale des banques aux crédits à l’État est assez importante – environ 1,1 fois de leurs fonds propres et ce, en tenant compte des prêts aux entreprises publiques et des crédits syndiqués en devises accordés au gouvernement depuis 2017. De ce fait, elle considère que les seuils des fonds propres de la plupart des banques notées tomberaient en deçà des exigences réglementaires minimales ce qui pourrait mener à des recapitalisations.

Le système financier tunisien comprend la Banque Centrale de Tunisie, 23 banques résidentes, 7 banques off-shore, 13 établissements financiers : dont 2 banques d’affaires, 8 établissements de leasing, 2 sociétés de factoring. Le financement de l’économie tunisienne par le secteur bancaire est prépondérant à l’instar de la plupart des pays émergents alors que la détérioration de la qualité des actifs des banques et la couverture des créances accrochées sont en nette régression.

Le besoin de se conformer aux normes internationales de prudence et de capitalisation se fait des plus pressants sachant que le secteur bancaire tunisien est fortement dépendant à des secteurs fragiles notamment le tourisme et l’immobilier.

Le potentiel de croissance sur le marché local est jugé modeste malgré l’accroissement considérable du PNB au niveau sectoriel. Côté rentabilité, une régression est affichée en raison des efforts fournis en matière de provisionnement, de modernisation des systèmes d’information et d’expansion des réseaux d’agences.

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