Dans un témoignage rare et inédit, Mahfoudh Oueld El-Waled, l’ancien mufti d’Al-Qaïda, a révélé dans une interview diffusée par la chaîne qatarie Al Jazeera que Oussama ben Laden avait planifié les attentats du 11 septembre 2001 dans le plus grand secret, sans même en informer les cadres les plus proches de l’organisation ni les dirigeants talibans.
Un secret absolu avant la tempête
Selon le récit d’Oueld El-Waled, ben Laden n’a partagé aucun détail de l’opération, bien qu’il ait souvent évoqué « un grand événement qui entraînerait les États-Unis dans une guerre d’usure en Afghanistan ». Les membres d’Al-Qaïda savaient que leur chef préparait des attaques contre des intérêts américains, mais ils n’imaginaient pas une action d’une telle ampleur, pensant à des ambassades ou à des bases militaires.
Peu avant l’exécution de l’opération, ben Laden aurait évacué certains sites stratégiques en Afghanistan, se serait éclipsé un temps, puis aurait commencé à fortifier la région de Tora Bora, sans jamais dévoiler ses intentions réelles.
Une idée ancienne remise à l’ordre du jour
Le projet initial de frapper les tours du World Trade Center remonte à plusieurs années, notamment à l’attentat raté de 1993 mené par Ramzi Youssef, qui avait tenté de faire exploser les tours depuis un parking souterrain.
Par la suite, d’autres cibles furent envisagées, comme le Pentagone, le Congrès, des centrales nucléaires ou même des sites israéliens. Mais la plupart furent écartées pour des raisons techniques ou logistiques.
C’est finalement Abou Hafs, numéro deux d’Al-Qaïda à l’époque, qui fut convaincu de l’intérêt stratégique de frapper les symboles du pouvoir économique et militaire des États-Unis, permettant ainsi de valider le plan visant les avions civils et les tours jumelles.
Une préparation de plusieurs années
D’après l’ancien mufti, le choix et la formation de l’équipe chargée de l’opération ont nécessité près de trois ans. L’entraînement physique et tactique des membres chargés de s’emparer des avions fut assuré par un combattant nommé Abou Tourab, sans leur révéler la véritable nature de leur mission, par précaution en cas d’arrestation.
C’est à ce moment-là qu’apparut l’« opportunité en or », avec l’arrivée en Afghanistan de jeunes venus d’Allemagne – dont Mohamed Atta, Ramzi Ben Al-Chiba et Zied Jarrah – après avoir échoué à rejoindre la Tchétchénie. Bien qu’ils ne fussent affiliés à aucun groupe, leur volonté de s’engager surprit les dirigeants d’Al-Qaïda, qui les recrutèrent comme pilotes de l’opération.
La dernière ligne droite
En l’an 2000, la plupart des préparatifs étaient achevés : falsification des passeports, suppression des visas pakistanais, intégration dans des écoles de pilotage américaines. Les membres de l’équipe entrèrent aux États-Unis en plusieurs vagues après leur formation dans une maison appelée « Bayt al-Ghumad » (la Maison des fourreaux) en Afghanistan.
72 heures avant l’attaque, ben Laden quitta Kandahar et laissa entendre qu’un événement majeur se produirait mardi. À l’annonce de l’attentat, les membres d’Al-Qaïda lancèrent des cris de victoire par radio, partagés entre incrédulité et euphorie. Pour eux, selon Ould El-Waled, l’Amérique venait enfin de goûter à la douleur qu’elle avait infligée aux peuples de la région pendant des décennies.
Des conséquences toujours présentes
Bien que tous les membres d’Al-Qaïda n’aient pas approuvé l’idée de frapper les États-Unis, l’événement a changé le cours de l’histoire. Depuis les montagnes afghanes, Ould El-Waled et ses compagnons ont observé le monde sous le choc, en voyant les tours s’effondrer, conscients que la riposte serait dévastatrice, mais convaincus pour certains que c’était « le prix à payer » pour piéger l’Amérique dans une guerre d’usure prolongée.
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