Economie

L’austérité demandée par Saïed concernera-t-elle le budget oisif du ministère des affaires religieuses ?

L’austérité demandée par Saïed concernera-t-elle le budget oisif du ministère des affaires religieuses ?

Dans une allocution à l’ouverture du Conseil des ministres tenu hier jeudi 22 octobre 2021, le président de la République Kaïs Saïed a appelé à la nécessité de mettre en œuvre un programme urgent pour la relance de l’économie et la mise en œuvre de réformes économiques structurelles dans le cadre d’un partenariat réel avec les partenaires sociaux sur les choix et objectifs actuels et futurs.

Le chef de l’Etat a appelé également à l’austérité et à la rationalisation des dépenses publiques compte tenu des difficultés économiques et financières difficile que vit le pays.

Evidemment, l’appel du président est rationnel et ce, pour plusieurs raisons qui consistent essentiellement en l’importance des frais opératoires de l’administration et des budgets colossaux jugés superflus par les instances financières internationales et qui sont réservés à différents structures et départements dont le ministère des affaires religieuses qui était durant des décennies une direction générale ou au mieux un secrétariat d’Etat rattaché au premier ministère.

Il est à noter, que le budget du ministère des affaires religieuses estimé pour l’année 2021 à 164 millions de dinars (MD) est en augmentation continue d’une année à l’autre. Rien que par rapport à 2017, il a augmenté d’environ 53%. L’enveloppe budgétaire réservée aux salaires est de 131,7 MD soit une quote-part de 80% du budget global.

Le budget en question représente presque la moitié du budget réservé à l’infrastructure du ministère de l’éducation (324 MD) sachant que 4580 écoles nécessitent, d’après la direction des constructions et de l’équipement au ministère, des interventions rapides pour leur réfection vu leur état délabré et menaçant ruine dans des dizaines de délégations. Ce budget permet la construction d’au moins 300 écoles en considérant le coût unitaire de la construction d’une école moyenne, d’après les estimations du ministère de l’éducation de 1 million de dinars.

Pour mémoire, le 24 août 2020, un conseil ministériel a décrété la généralisation de la couverture sociale et médicale des imams et employés de mosquées avec l’octroi d’aides sociales mensuelles de l’ordre de 180 dinars. Ceci concerne aussi tous les membres des familles des bénéficiaires des effets de cette mesure où les syndicats ont joué un grand rôle pour la mettre en place.

Le nombre d’imams et de « cadres » religieux est très important, il est de l’ordre de 20820 d’après le document du budget du ministère des affaires religieuses, il a évolué d’après les statistiques du même ministère de 26% rien qu’au cours des cinq dernières années sachant que le nombre de mosquées est de 6124 et qui a progressé, à son tour, de 70,4% entre 2010 et juin 2020.

Globalement, le gaspillage au niveau des mosquées relevant du ministère des affaires religieuses est exorbitant et il est même révoltant.

Faut-il rappelé aussi qu’Oussama Nagati responsable de la rationalisation de la consommation d’énergie à l’Agence Nationale de la Maitrise de l’Energie (ANME), a déclaré à fin juin dernier que l’agence a mis en place avec le ministère des affaires religieuses un programme pour rationnaliser la consommation de l’énergie dans les mosquées tunisiennes.

Nagati a indiqué à la marge des « journées des journalistes ambassadeurs de la transition énergétique » organisés par l’ANME à Hammamet du 24 au 26 juin dernier que le projet vise, en particulier, l’installation de mécanismes d’efficacité énergétique et de consommation d’énergie dans 6000 mosquées à travers tout le territoire de la république dont la facture de consommation d’énergie est de l’ordre de 19 millions de dinars (MD), selon le responsable.

Il a affirmé, en outre, que le projet sera financé à hauteur de 12 MD par le Fonds de transition énergétique sur trois axes à savoir le changement des lampes électriques des mosquées par des lampes du type « Led », l’installation de panneaux photovoltaïques pour gérer la consommation des climatiseurs et des chauffages et la formation des « cadres » religieux en matière de suivi de rationalisation de la consommation d’énergie.

Le responsable a précisé que le coup de lancement du projet se fera dans le gouvernorat de Tozeur comme expérience « pilote » au niveau de 147 mosquées.

Plusieurs questions se posent quant à la manière avec laquelle on gère les priorités en matière de dépenses publiques en Tunisie et quant à la position du nouveau ministre des affaires religieuses, Brahim Chaibi par rapport à de nombreuses questions brûlantes concernant notamment les mosquées « hors contrôle » de l’Etat, les cadres religieux travaillant à la solde de certains partis et le budget colossal de son ministère.

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