Economie

L’avenir des classes moyenne et pauvre dépendra plus des choix du gouvernement que des recommandations des bailleurs de fonds ! (2/3)

L’avenir des classes moyenne et pauvre dépendra plus des choix du gouvernement que des recommandations des bailleurs de fonds ! (2/3)

La cheffe du gouvernement, Najla Bouden, a rencontré mardi 21 juin 2022, le directeur du département du Moyen-Orient et de l’Asie centrale du Fonds monétaire international (FMI), Jihad Azour. Lors de la rencontre, Bouden a exposé le programme des reformes gouvernementales et ce, en particulier le volet qui concerne de la stabilité économique et financière.

Hier mercredi, 22 juin courant, le responsable du FMI a assuré que l’instance financière internationale est prête à entamer, au cours des prochaines semaines, des négociations portant sur la mise en place d’un plan de financement de la Tunisie.

Un communiqué du FMI, indique que la Tunisie doit remédier de toute urgence aux déséquilibres de ses finances publiques en améliorant l’équité fiscale, en limitant la croissance de l’importante masse salariale dans la fonction publique, en remplaçant les subventions généralisées par des transferts à destination des plus pauvres, en renforçant son dispositif de protection sociale et en réformant les entreprises publiques qui perdent de l’argent, afin de résorber rapidement les déséquilibres profonds dont souffre son économie et d’assurer la stabilité macroéconomique.

En outre, le fonds a souligné l’importance d’un renforcement de la concurrence et l’ouverture de l’économie aux investissements du secteur privé qui permettraient à la Tunisie de tirer pleinement parti de ses atouts pour favoriser la croissance économique inclusive et fortement créatrice d’emplois dont elle a tant besoin.

Aucune allusion n’a été faite par le FMI à l’austérité budgétaire d’autant plus que l’instance financière internationale a juste formulé des propositions de régulation économique basées sur une logique inclusive et garantissant la paix sociale parallèlement à la dynamisation de la croissance et la maîtrise du déficit budgétaire.

Cependant, le programme de réforme du gouvernement Bouden a été fondée, à contre sens, sur une série interminable de mesures d’austérité et le financement du budget seulement par le crédit multilatéral alors que d’autres pays tels que l’Égypte ont privilégié le financement bilatéral.

D’ailleurs mardi dernier des accords de plus de 7 milliards de dollars ont été signés entre l’Arabie Saoudite et l’Égypte et ce, à la faveur de la diplomatie économique proactive et la dynamisation continue des relations de fraternité entre les deux pays. La Tunisie n’a pas l’intention ou plutôt l’audace parait-t-il, d’emprunter ce type de piste…

Rappelons que le prestigieux magazine américain « Foreign Policy » spécialiste des affaires étrangères et l’économie a publié début février une note d’analyse intitulée « L’Argentine et le FMI se détournent de l’austérité » qui a été considérée comme une note de référence en matière d’analyse de l’impact de l’ajustement et de l’optimisation des politiques budgétaires. La note a été élaborée par Joseph E. Stiglitz, prix Nobel d’économie et professeur à l’Université de Columbia, et Mark Weisbrot, codirecteur du Center for Economic and Policy Research, basé à Washington.

D’ailleurs et d’après la note, le dernier accord conclu entre l’Argentine et le Fonds Monétaire International (FMI) pour restructurer un prêt record en 2018 a permis au pays d’éviter le défaut de paiement, ce qui aurait pu menacer la stabilité du système financier international. Comme pour tout accord négocié, celui-ci n’était pas parfait indique la note. Mais les deux parties ont clairement compris les dangers de tomber dans l’abîme et l’inconnu : que se passerait-il si un accord n’était pas trouvé ? Plus important encore, le FMI n’a pas insisté sur l’austérité. L’accord donne plutôt à l’Argentine la possibilité de poursuivre sa reprise économique.

Le dilemme ici est que la mission première du FMI est d’accorder des prêts en devises aux pays confrontés à des problèmes de balance des paiements. Mais les paiements colossaux de dette au FMI sont devenus le principal risque pour la balance des paiements de l’Argentine.

Débats constructifs

D’après « Foreign Policy », plusieurs débats économiques ont eu lieu dans les mois qui ont précédé l’accord entre l’Argentine et le FMI. Le gouvernement argentin, avec ses économistes bien formés, a insisté sur le fait que l’austérité limite la prospérité, ce qui devrait sembler évident. Toutefois, à contre sens, il y a des courants de pensée qui soutiennent que les politiques d’austérité peuvent dynamiser l’expansion ; c’est ce point de vue qui a dominé lors du processus d’octroi du prêt 2018.  Toutefois, ça n’a pas marché et ce sans surprise. 

Le raisonnement (s’il pourrait être qualifier de ce terme) est que l’engagement dans un processus d’’austérité restaurera la confiance, la confiance conduira à des entrées d’investissements, et ces entrées feront plus que compenser les réductions des dépenses publiques. Ce qui s’est passé en Argentine est ce qui se passe habituellement : le ralentissement économique a érodé la confiance ; l’investissement a chuté ; et les banques ont été touchées, réduisant les prêts dans un cercle vicieux de régression.

Les dangers que cela se produise en Argentine, si l’austérité avait été imposée, seraient particulièrement grands. Compte tenu de la situation de l’Argentine – et de la probabilité d’une hausse des taux d’intérêt internationaux –, il était probable qu’il y aurait peu de flux de capitaux ou d’investissements étrangers. L’idée que la réduction des dépenses publiques restaurerait comme par magie la confiance, entraînant un afflux d’argent et compensant la perte de soutien budgétaire, relève de la pure fantaisie, affirme la note d’analyse de « Foreign Policy ».

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