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Le Caire à la caravane Soumoud : sans visa, pas de passage

Alors que la caravane “Soumoud” poursuit son itinéraire à travers la Libye dans l’espoir d’atteindre la frontière égyptienne de Rafah pour entrer à Gaza, le ministère égyptien des Affaires étrangères a publié un communiqué officiel le 11 juin 2025, précisant sans ambiguïté les conditions d’accès à la zone frontalière avec Gaza.

Loin de toute ouverture spontanée, le texte confirme que le passage n’est possible que sur autorisation préalable stricte, via les canaux diplomatiques ou gouvernementaux, écartant de facto toute tentative d’entrée civile non coordonnée.

Une posture diplomatique favorable… mais encadrée

Dans son communiqué, l’Égypte commence par saluer les efforts internationaux et populaires de soutien au peuple palestinien, dénonçant à nouveau le blocus, les violations israéliennes et la catastrophe humanitaire qui touche plus de deux millions de Gazaouis. Elle se dit solidaire des appels à lever le siège et met en avant son action humanitaire constante dans la région.

Mais derrière cette déclaration de principe, Le Caire clarifie fermement ses conditions : aucune visite de la zone frontalière avec Gaza ne sera tolérée sans autorisation officielle préalable, ni sans passage par les circuits diplomatiques établis.

Une réponse claire à la caravane Soumoud

Ce communiqué intervient alors que la caravane maghrébine “Soumoud”, partie de Tunisie et rejointe par des militants d’Algérie, du Maroc, de Libye et d’autres pays, entend manifester pacifiquement à la frontière de Rafah pour dénoncer le siège de Gaza et exprimer sa solidarité avec les civils palestiniens. Des centaines de citoyens ordinaires, accompagnés de figures syndicales, associatives et humanitaires, participent à ce convoi terrestre inédit qui a traversé le Maghreb et la Libye sous escorte populaire.

Mais l’initiative reste largement informelle sur le plan diplomatique. Le communiqué égyptien souligne que toute visite dans la région de Rafah (nord du Sinaï) est soumise à une autorisation préalable obtenue par l’intermédiaire des ambassades étrangères, ou de structures dûment reconnues, comme des ONG internationales ou des organismes humanitaires agréés. Les demandes individuelles ou collectives non encadrées ne seront pas acceptées.

Un territoire sous contrôle militaire renforcé

L’Égypte rappelle également que la zone frontalière avec Gaza est classée “zone d’opérations militaires”, ce qui explique l’exigence de coordination sécuritaire stricte. Cela inclut :

– L’obligation d’obtenir des visas valides pour entrer sur le territoire égyptien ;

– Une coordination sécuritaire préalable avec les autorités du Sinaï ;

– Une justification du cadre et de l’objet de la visite, exclusivement humanitaire, diplomatique ou officiel.

Le ministère met en garde contre toute tentative de contourner ces règles, même si l’intention est pacifique ou humanitaire. La sécurité des visiteurs ne peut être garantie en dehors des itinéraires et procédures validés.

L’ultime ligne rouge : sans visa, sans autorisation, pas de passage

En résumé, sans visa égyptien et sans coordination diplomatique officielle préalable, le passage de la caravane Soumoud vers Rafah est catégoriquement exclu. Le message du Caire est limpide : la solidarité oui, mais dans le cadre de l’ordre administratif et sécuritaire égyptien.

Cette mise au point refroidit les espoirs de certains participants qui espéraient pouvoir accéder à la frontière de manière spontanée ou symbolique. À ce stade, le convoi pourra difficilement aller au-delà du territoire libyen, à moins d’un accord de dernière minute avec les autorités égyptiennes.

Une initiative forte malgré les blocages

Malgré cet obstacle majeur, la portée politique et symbolique de la caravane Soumoud demeure intacte. L’initiative aura démontré que la solidarité citoyenne peut mobiliser au-delà des États, et que la cause palestinienne continue de soulever l’adhésion d’une partie importante de la société civile maghrébine.

Mais la réalité géopolitique reste implacable : le droit de passage vers Gaza ne peut s’exercer que dans le respect des règles souveraines de l’Égypte, qui entend maintenir un strict contrôle sur les accès à Rafah, pour des raisons sécuritaires et diplomatiques.

Ainsi, pour les organisateurs de la caravane, il reste désormais deux options :

1. Tenter une négociation diplomatique officielle par le biais des autorités maghrébines pour obtenir un passage restreint et sécurisé.

2. Ou faire de la frontière libyenne un point final symbolique, y organiser un sit-in, un message international, et continuer à mobiliser l’opinion publique mondiale pour exiger la levée du blocus.

La caravane Soumoud ne pourra peut-être pas entrer à Gaza, mais elle aura réveillé les consciences, ravivé les solidarités et rappelé, avec force, que les peuples n’ont pas dit leur dernier mot face aux murs.

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