Les Canadiens regardent avec des yeux de Chimène cette Europe qui se réarme pour sortir du joug américain, ce Vieux continent qui combat frontalement le président Donald Trump et ses taxes tous azimuts pour renflouer ses caisses. Les Européens sont devenus tellement séduisants que les Canadiens rêvent de mêler leurs destins. C’est un des développements très inattendus et cocasses à certains égards des coups que ventile la Maison-Blanche aux quatre coins du monde, dès le premier jour où Trump s’y est réinstallé.
Il y a le désastre interne causé par la nouvelle politique de Washington, ou plutôt l’improvisation puisque dans la même journée des droits de douane sont annoncés et annulés ; il y a aussi les conséquences un peu partout dans le monde, avec des adversaires et des ennemis déclarés – c’est Trump qui les désigne en tant que tels – contraints de faire face, de riposter. Au Canada la chose prend une tournure très étonnante, avec l’Union européenne (UE) en grande vedette : De plus en plus de Canadiens rêvent de la rejoindre.
Tout est parti de boutades lancées par certains commentateurs quand Trump a brandi l’idée de faire du Canada le 51e Etat américain. Personne n’avait imaginé que la chose s’ancre progressivement dans les esprits au point d’être sondée dans une enquête d’opinions. Abacus Data a sauté le pas fin février dernier, sur un échantillon de 1500 personnes. On a appris dans ce sondage publié cette semaine que 44% des Canadiens interrogés disent Oui à une adhésion à l’UE (34% y sont opposés).
Donc le Canada est un pays qui se bat, une lutte lancée par l’ex-Premier ministre Justin Trudeau, porté par le gouverneur de la province de l’Ontario (il est d’ailleurs pour beaucoup dans la reculade de Trump sur les droits de douane de 50%) et que le nouvel homme fort du pays, Mark Carney, a promis de mener avec détermination. C’est aussi un pays qui a des rêves et l’Europe en fait partie…
«Nous sommes flattés des résultats de ce sondage», a commenté avec une joie manifeste Paula Pinho, porte-parole de la Commission européenne. «Cela montre l’attractivité de l’Union européenne, cela montre qu’un nombre très important de Canadiens apprécient l’UE, ses valeurs, au point qu’ils se verraient bien eux-mêmes comme en faisant partie (…). Nous partageons beaucoup, beaucoup de valeurs et avons de forts liens historiques», a-t-elle martelé.
Maintenant que c’est dit, un peu comme on lance une bouteille à la mer, jetons un oeil sur la faisabilité de la chose. La porte-parole de la Commission n’a pas formellement fermé la porte à une adhésion du Canada à l’UE, elle s’est bornée a signaler qu’il y a «des critères prévus dans les traités». Elle a rappelé que l’article 49 du traité sur l’UE dit que «tout État européen» qui respecte, entre autres, les valeurs de dignité humaine, de liberté et de démocratie, peut aspirer à devenir membre de l’Union.
Le Canada incontestablement coche presque toutes les cases, dont le fait d’utiliser les deux langues de travail des instances européennes, l’anglais et le français. Reste la question du positionnement géographique et ce n’est pas un mince sujet. Tout cela pour dire que cette affaire demande à être creusée dans tous ses aspects. Mais on ne peut plus dire que l’hypothèse est complètement farfelue…
On ne peut plus le dire depuis que Trump a renversé toutes les tables et plongé le monde dans un profond questionnement sur ce qui fait sens, sur ce qui est vrai ou faux, juste ou injuste, légal ou illégal, licite ou illicite, rationnel ou irrationnel, logique ou illogique, moral ou immoral, etc. Même sur toutes ces notions où on avait des certitudes gravées sur le marbre le président américain a instillé le doute, la remise en cause. Et ça c’est très grave pour le devenir de l’Humanité.
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