Alors que les États-Unis suscitent de plus en plus de réticences chez les scientifiques et les organisateurs d’événements internationaux, le Canada est vu par certains comme une alternative potentielle pour accueillir des congrès et conférences de haut niveau.
Pourtant, selon le « Classement des pays accueillants » publié par la firme montréalaise Arton Capital, le Canada se positionne très bas, notamment à cause des exigences strictes en matière de visa.
Un contraste entre image ouverte et réalité bureaucratique
Le Canada jouit d’une image positive dans l’opinion internationale, réputé pour son multiculturalisme, sa stabilité politique et son attractivité académique. Mais en réalité, les étrangers désireux de participer à des événements scientifiques doivent souvent faire face à des procédures de visa complexes, longues et incertaines.
Dans certains cas, les délais de traitement peuvent atteindre jusqu’à 18 mois, rendant la participation à un événement ponctuel tout simplement impossible.
À titre d’exemple, lors d’un congrès scientifique organisé à Montréal, plus de 600 personnes sur les 6 000 inscrits n’ont pas pu participer, faute d’avoir reçu leur visa à temps.
Une situation qualifiée de « gâchis diplomatique » par certains organisateurs.
Les nouvelles restrictions du gouvernement compliquent davantage l’accueil
Depuis mai 2025, les autorités canadiennes ont resserré les critères pour les visas temporaires, incluant désormais des motifs de déplacement plus restreints.
Cette directive vise à limiter la proportion de résidents temporaires à 5 % de la population totale d’ici 2027, contre 7 % actuellement. Dans cette logique, le nombre de permis d’études pour les étudiants indiens — une population historiquement forte — a chuté de 31 %, et les extensions abusives de statut font l’objet d’un resserrement juridique.
Le problème est que ces mesures n’excluent pas spécifiquement les participants à des congrès scientifiques, ce qui plonge de nombreux chercheurs dans l’incertitude.
Des opportunités ratées pour le Canada
Avec Donald Trump au pouvoir aux États-Unis et avec ses politiques anti-immigration, le Canada pourrait donc logiquement en profiter pour devenir un hub académique et scientifique, attirant les talents du monde entier. Mais sa politique actuelle de visas semble contre-productive par rapport à cette ambition.
Selon les analystes, cette situation est paradoxale : le Canada veut se présenter comme une terre d’accueil du savoir, mais se prive de cette position en érigeant des obstacles logistiques majeurs.
Le Canada fait face à une tension croissante entre :
- Le besoin de maîtriser l’immigration temporaire, pour des raisons économiques, politiques et sécuritaires.
- L’opportunité d’attirer les talents, chercheurs et étudiants étrangers dans un contexte mondial de repli, notamment aux États-Unis.
Pour devenir réellement une alternative crédible à l’Amérique de Trump, le Canada devra :
- Créer un corridor scientifique prioritaire pour les chercheurs et conférenciers internationaux.
- Réduire drastiquement les délais de traitement des visas liés aux événements scientifiques.
- Clarifier la politique d’invitation pour les universités et centres de recherche.
À défaut, le pays risque de laisser passer une fenêtre historique, au profit d’autres destinations plus réactives comme l’Espagne ou les Émirats arabes unis, qui multiplient les démarches de simplification administrative.
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