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Le choc des photos, signé par un média français (Photos)

Le choc des photos, signé par un média français (Photos)

“Le poids des mots, le choc des photos”, a-t-on coutume de dire dans l’univers de la presse. En l’occurrence ce cliché a été choisi, à dessein, par un média français, BFM, pour illustrer un article intitulé “Tunisie : Prêt de 200 millions d’euros de la France”. Les intentions de ce journal sont claires : le président français indique la voie à son homologue tunisien, qui écoute religieusement. De toutes les photos du Sommet de la Francophonie ce journal français a choisi celle-là pour dire ce qu’il avait à dire, et c’est son droit après tout ; mais pourquoi la toile et certains médias tunisiens l’ont reprise ?

De toute évidence il y a des relents de règlement de compte dans cette affaire. C’est un secret de Polichinelle : le chef de l’Etat tunisien, Kaïs Saïed, ne porte pas la presse dans son coeur. Pour certains médias l’occasion était trop belle d’envoyer des missiles vers le palais de Carthage en représailles aux mauvais bruits ambiants autour de la main de fer du pouvoir en place sur les libertés fondamentales. Les médias locaux qui ont repris cette photo oublient juste qu’en écornant de la sorte l’image du président de la République ce n’est pas Saïed qu’ils flinguent mais la Tunisie.

Certains voient dans cette photo un chef d’Etat plus grand – de taille – que son homologue et qui se penche vers lui pour ne pas louper une miette de ce qu’il dit, ce qui après tout peut-être interprété comme de la considération et même un insigne honneur fait à son invité. D’autres se sont ingéniés à y voir un acte de soumission aux diktats du néocolonialiste, en l’occurrence la France. C’est certainement, même s’il ne l’avouera jamais, l’idée que ce média français veut imprimer dans la tête de ses lecteurs, de la France et de Navarre mais aussi de la Tunisie…

Ce média français a choisi ce cliché parmi des dizaines d’autres pour imposer une image subliminale de domination de Paris, les journaux tunisiens devaient avoir la sagesse et la hauteur d’esprit de ne pas la reprendre, au nom de l’honneur du pays, de sa réputation. Les médias français versent parfois dans le chauvinisme franchouillard pour défendre les intérêts supérieurs de leur nation, et c’est tout à leur honneur, les médias tunisiens ne doivent pas descendre en-dessous quand les circonstances l’exigent.

“Le poids des mots” disait-on. C’est justement au nom de l’honneur et de la dignité de la Tunisie que le président français a soigneusement évité d’infliger publiquement à Kaïs Saïed des leçons sur les droits humains, les libertés et la démocratie. Pour épargner la susceptibilité de son homologue tunisien Emmanuel Macron a fait le boulot en privé, ce qui est bien plus productif que l’attaque frontale du Premier ministre canadien. Pour bien marteler son souci du respect du cadre démocratique Macron a très délicatement lié la question constitutionnelle et politique à l’aide économique et financière. Il a fait le travail, magistralement, finement, intelligemment…

C’est cette finesse et ce doigté qui ont manqué aux médias tunisiens ayant repris cette photo. Je le dis une fois pour toutes : En faisant corps avec les médias étrangers pour tenter de rabaisser Kaïs Saïed ce n’est pas sa personne qu’on rabaisse mais la Tunisie. Si on veut régler ses comptes avec lui, ce qui est légitime, il faut choisir d’autres canaux, pas celui-là de grâce.

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