Politique

Le Coming out du “BI”, par Haythem Frioui

Le Coming out du “BI”, par Haythem Frioui

Et voilà nous y sommes!  Le premier tir sous la ceinture. Il n’aura pas fallu longtemps pour voir cette première salve assassine des soldats du digital.
Le Chef du Gouvernement a fait son coming out ! Waou!  Il est “BI” (national) oui vous avez bien lu : le Chef du Gouvernement est “BI”, dans un pays où l’on commence à reconnaître le troisième genre au point de vanter même sa présence aux présidentielles. S’étonner qu’il soit “BI” est surprenant voire choquant.  Une tempête dans un verre d’eau pour plaire aux âmes conventionnelles qui ne peuvent concevoir que l’amour puisse être multiple et revêtir différentes formes.

Ils refusent l’idée de la TRANS-NATIONALITE, oui c’est bien de cela qu’il s’agit.  Le Chef du Gouvernement a deux nationalités comme moi d’ailleurs et environ  un million de tunisiens expatriés qui ont été intégrés dans leur pays d’accueil, alors le Chef du Gouvernement, moi et les autres “BI” sommes désormais mis à l’index et accusés d’appartenir à une sous-classe de citoyens, de traîtres ou que sais-je encore?

Oui on est “BI” et on l’assume ce pays qu’ils croient aimer ou chérir plus que nous autres n’est pas le leur monopole,  Ils ont oublié que l’identité tunisienne n’a que quelques dizaines d’années et que seule l’appartenance ethnique ou tribale pouvait se feindre d’une appartenance unique. De ce fait, nous sommes tous “BI”, JELASSI, FERCHICHI, TOUNSY, mais surtout X / Humain !

Alors puisqu’il en est ainsi, il est plus que temps que la diaspora, les expatriés choisissent et coupent les ponts avec les extrémistes de l’identitaire qui pullulent dans cette Tunisie jadis modèle d’ouverture et mosaïque culturelle.
Le Chef du Gouvernement a fait son retour, après trois années de sacrifices au service de L’Etat. Peu importe son bilan, on l’accuse de trahison possible, de conspiration éventuelle et tutti quanti.

Je ne suis pas de sa famille politique mais je ne peux que condamner ce que je qualifie de fanatisme identitaire, ce sectarisme ambiant dans un pays qui devrait rassembler toutes ses forces vives pour sortir de sa crise est en train par la faute d’une minorité, qui est la première à rêver d’un autre passeport, de creuser plus rapidement sa tombe !

En m’interdisant d’apporter mon aide à un pays auquel j’appartiens corps et âme, malgré ce qu’ils peuvent penser, on m’inflige le rejet de ma Cité comme les lépreux autrefois pendant que l’autre pays, que j’aime autant et auquel je ne donne pas toujours autant, m’ouvre les bras et profite de mon éducation tunisienne, de mon intelligence héritée d’Hannibal, de mon ouverture à l’école Bourguibienne et de mon parfum de jasmin.

À l’heure où mon pays la Tunisie, signe et opte pour des accords encourageant l’immigration choisie vers l’Europe, on tend à exclure ceux qui partent, à sanctionner ceux qui finalement apportent, pardon, rapportent au pays.
Ainsi donc du haut de ma position de “BI”, je dis au Chef du Gouvernement, NON! Il ne fallait pas renoncer et se séparer du pays qui vous a aussi tant donné mais plutôt combattre la ségrégation et l’extrémisme sanctionnant les “BI” comme vous !

Sur l’autre rive, celle de votre ancienne patrie abandonnée, Manuel Valls, ancien Premier Ministre Français était “BI” et est bien retourné faire de la politique dans son autre pays l’Espagne, sans que cela choque, de même pour l’ancienne ministre Eva Joly en arrivant en France des contrées nordiques.

Alors pourquoi avoir laissé une loi haineuse faisant d’un million de tunisiens, des citoyens pestiférés, vous aviez trois années pour changer la donne mais vous n’avez rien fait et avec le retour nécessaire constitutionnellement pour vos ambitions présidentielles, vous venez de mettre au grand jour une réalité cinglante : Il y a les patriotes qui aiment et aident LEURS PATRIES et les autres !

Monsieur le Chef Du Gouvernement, vous avez choisi d’être avec les autres! Moi, j’aime ma Tunisie et je continuerai à l’aider comme je peux mais je ne renoncerai jamais pour autant à ma France qui me permet d’aimer et d’aider ma Tunisie tout en défendant mon appartenance au pays des lumières et en contribuant à son essor !
Je n’ai pas pris part au débat politique jusqu’à présent mais maintenant je sais pourquoi je vais m’y atteler et quel combat je mènerai tant en Tunisie qu’en France!

 

Haythem Alexandre Frioui

DEA “Politique des Etats de l’UE” Sorbonne Paris 3 Spécialiste en Communication Politique et de Crise Cofondateur du Groupe MEDIAPRO

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