Le commerce électronique, en tant que moteur de croissance économique, est désormais un pilier incontournable de l’économie mondiale. Il offre des possibilités d’expansion, de diversification et de compétitivité sans précédent, notamment pour les entreprises de taille modeste.
Cependant, pour en maximiser le potentiel, il est crucial que ce secteur soit inclusif et accessible à tous les acteurs économiques, des grandes entreprises aux petites start-ups.
En Tunisie, le commerce électronique s’appuie sur l’essor des réseaux sociaux, qui jouent un rôle clé pour ouvrir des opportunités aux entreprises et renforcer l’équité du marché.
Le rôle essentiel des réseaux sociaux dans l’expansion du commerce électronique
Les réseaux sociaux se sont imposés comme des plateformes incontournables pour le commerce en ligne, notamment en Tunisie.
En Novembre 2024, plus de 80 % de la population tunisienne utilise activement les réseaux sociaux, avec un nombre d’utilisateurs atteignant des chiffres impressionnants : 8 844 100 sur Facebook, 3 458 300 sur Instagram, 7 747 800 sur Messenger et 2 433 000 sur LinkedIn.
Cette adoption massive ouvre des perspectives significatives pour les entreprises, notamment les petites et moyennes entreprises (PME), leur offrant des moyens peu coûteux pour accroître leur visibilité et atteindre un large public.
Les chiffres sont parlants : plus de 75 % des Tunisiens ont désormais accès à un smartphone, ce qui a entraîné une forte croissance des achats via mobile, un secteur en pleine expansion.
Le commerce mobile en Tunisie a le vent dans les voiles. D’après la vague 5 du baromètre du commerce électronique, près de 80% des achats en ligne se font via smartphone et cette tendance devrait se poursuivre.
Selon cette même étude, près de 43% des tunisiens achètent via les réseaux sociaux soit une croissance de 5 points par rapport à la vague 4 et au détriment du canal ‘‘classique de site web’’.
Les petites entreprises, et en particulier les entrepreneurs individuels, peuvent désormais rivaliser avec des acteurs plus établis en utilisant ces plateformes pour vendre leurs produits et services, tout en limitant les coûts associés à la publicité traditionnelle.
Les réseaux sociaux offrent également la possibilité de créer des communautés autour des marques. Cela permet de renforcer l’engagement et la fidélité des consommateurs, un facteur essentiel dans un marché où la confiance joue un rôle clé.
De plus en plus de consommateurs préfèrent acheter auprès d’entreprises avec lesquelles ils ont un lien direct sur les réseaux sociaux, ce qui illustre l’importance de l’interaction en temps réel.
Vers un commerce électronique plus inclusif : un défi à relever
Bien que les réseaux sociaux ouvrent de nouvelles opportunités pour les petites entreprises, il existe un écart entre les acteurs formels et informels du marché. Les entreprises informelles, souvent représentées par des petites structures ou des vendeurs individuels qui ne respectent pas toujours les normes fiscales et commerciales, ont une influence grandissante dans l’écosystème du commerce électronique.
Ces acteurs vendent parfois des produits de qualité inférieure ou non conformes aux réglementations, ce qui crée une concurrence déloyale pour les entreprises formelles et ébranlent la confiance du consommateur dans le commerce électronique. En effet, l’expérience d’achat sur les réseaux sociaux vire souvent au cauchemar et il suffit simplement de balayer certains groupes et communauté d’acheteurs pour en constater l’ampleur du phénomène.
Solutions pour une régularisation et une inclusion durables
Afin de favoriser un commerce électronique plus inclusif, il est impératif de promouvoir la régularisation des entreprises informelles.
L’une des solutions les plus prometteuses consiste à encourager ces acteurs à adopter le statut d’auto-entrepreneur, qui leur permettrait de se conformer à la législation fiscale et commerciale tout en bénéficiant de protections légales.
La régularisation permettrait de réduire les risques liés à la fraude fiscale, d’améliorer la qualité des produits offerts aux consommateurs, et d’augmenter les recettes fiscales, contribuant ainsi à la stabilité de l’économie numérique.
En parallèle, il est crucial de renforcer les mécanismes de formation et d’accompagnement pour les entrepreneurs informels afin qu’ils puissent comprendre les avantages de cette formalisation.
Une opportunité pour la Tunisie
En somme, les réseaux sociaux représentent des leviers puissants pour le développement du commerce électronique en Tunisie, offrant des possibilités uniques pour les entreprises de toutes tailles.
Pour que cet essor soit bénéfique à l’ensemble du secteur économique, il est essentiel de réguler ce marché de manière à favoriser une concurrence équitable et à encourager l’inclusion des petites entreprises dans l’économie formelle.
Si la Tunisie parvient à surmonter les défis liés à la régularisation des acteurs informels et à encourager l’adoption des plateformes numériques par les entreprises locales, elle pourra tirer pleinement parti des avantages du commerce électronique.
Cela ouvrira la voie à une croissance durable, plus inclusive et mieux régulée, permettant à toutes les entreprises, grandes ou petites, d’accéder à un marché plus équitable et prospère.
Par Walid Kooli
Enseignant universitaire, expert accompagnateur en commerce électronique, stratégies et transformation digitales des entreprises.
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