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Le continent africain peut se nourrir lui-même et nourrir le reste du monde (BAD)

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Le Groupe de la Banque africaine de développement et le Consortium des centres internationaux de recherche agricole (CGIAR) se sont engagés à renforcer leur collaboration pour accroître la production alimentaire et assurer une meilleure nutrition à la population croissante de l’Afrique.

Alors que l’Afrique dispose de 65% des terres arables non cultivées dans le monde, la Banque africaine de développement estime que le continent peut se nourrir lui-même et nourrir le reste du monde.

Son président, Akinwumi Adesina, a reçu jeudi 25 janvier 2024 au siège de la Banque à Abidjan, les directeurs généraux du CGIAR basés en Afrique afin de trouver des moyens d’accroître la productivité alimentaire et agricole sur le continent.

Enjeux de taille

Répartis sur l’ensemble du continent africain, les centres du CGIAR se focalisent sur le renforcement de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, la réduction de la pauvreté et l’amélioration des ressources naturelles et des services écosystémiques. Ils sont essentiels pour assurer la sécurité alimentaire sur le continent, tout comme leurs homologues d’Asie du Sud-Est et d’Amérique latine ont joué un rôle déterminant dans l’accélération de la croissance agricole et de l’autosuffisance alimentaire.

La BAD a joué un rôle clé dans le processus de réforme du CGIAR afin de rendre son travail pertinent et durable en Afrique.

La délégation a exprimé sa volonté d’aider les pays africains à mettre en œuvre les résultats du Sommet de Dakar 2 sur l’alimentation que la Banque, l’Union africaine et le gouvernement sénégalais ont conjointement organisé. Le sommet de janvier 2023 a réuni 34 chefs d’État et de gouvernement, 75 ministres et des dirigeants d’organisations partenaires au développement. À ce jour, plus de 70 milliards de dollars ont été mobilisés dans le cadre d’un effort mondial sans précédent.

Succession de crises

Rappelons que la succession de crises que vit le monde depuis les années 2000 vient amplifier les effets des facteurs structurels à l’origine de l’insécurité alimentaire en Afrique. Après la crise financière internationale de 2007-2008, les retombées de la pandémie de la Covid-19 sur le continent ont été sévères. La crise sanitaire a, en particulier, fait passer le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire grave de 264 millions en 2019 à 322 millions en 2021 de personnes, selon la FAO.

Elle a, en outre, occasionné des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, entraînant une forte hausse des coûts de logistique et de fret, consécutive à la congestion des routes commerciales et au manque de conteneurs disponibles.

La crise liée à la pandémie de Covid-19 est intervenue dans un contexte marqué par une forte exposition de l’Afrique aux aléas climatiques (en particulier, les sécheresses dans la Corne d’Afrique (4 ans) et en Afrique du Nord (un an), ainsi que les inondations en Afrique de l’Ouest). Ces aléas affectent fortement la production agricole africaine, aggravant la dépendance du continent vis-à-vis des importations de denrées alimentaires.

Par ailleurs, la guerre en Ukraine a engendré un renchérissement des prix des matières premières alimentaires. Ses incidences pourraient se traduire par la survenance, à court terme, d’une crise alimentaire similaire à celle de l’année 2008, qui avait entraîné des émeutes de la faim dans de nombreux pays du continent africain. Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), jusqu’à 26 millions d’Africains devraient faire face, dans les cinq prochaines années, à une crise d’insécurité alimentaire dans la Corne d’Afrique, particulièrement en Somalie, en Ethiopie et au Kenya.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek