Economie

Le déficit avec la Turquie correspond à près de 40% des dettes extérieures payées par la Tunisie

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Les données récemment publiées par l’Institut national de la statistique le mercredi 10 mai 2023, concernant l’évolution des transactions du commerce extérieur à prix courants jusqu’à la fin d’avril dernier, ont révélé que le déficit de la balance commerciale, dans le cadre des échanges globaux, a atteint la somme impressionnante de 6265,1 millions de dinars. Ce déficit est principalement attribué aux déséquilibres commerciaux avec la Chine, avec un déficit de -2614,6 millions de dinars, et la Turquie, avec un déficit de -1029,7 millions de dinars.

Il est important de souligner que la Tunisie est liée à la Turquie par un accord de libre-échange signé en 2004 et révisé en 2013 dans le sens de la suppression des droits de douane sur les importations turques. Cependant, de nombreux observateurs, turcs compris, considèrent cet accord comme inéquitable et nécessitant une révision, car il entraîne des préjudices pour la Tunisie.

Situation « incompréhensible »

Malgré cette situation préoccupante, les autorités tunisiennes, en particulier le ministère du Commerce, ont jusqu’à présent refusé de prendre des mesures pour amender cet accord injuste qui pénalise le pays, même s’il viole les règles de l’Organisation mondiale du commerce concernant l’antidumping et la lutte contre le commerce de produits qui enfreignent les normes sanitaires et industrielles internationales.

Par ailleurs, les indicateurs monétaires et financiers de la Banque centrale révèlent que le service de la dette extérieure de la Tunisie a atteint environ 2786,8 millions de dinars d’ici la fin d’avril 2023, représentant ainsi 36,95% de la valeur du déficit commercial avec la Turquie.

Ce déficit absorbe également pratiquement la totalité des recettes du secteur touristique tunisien, qui sont estimées à 1297,7 millions de dinars, et représente en outre ainsi 40,69% de la globalité des transferts des Tunisiens résidant à l’étranger, selon les statistiques de la Banque centrale et qui ont atteint 2530 millions de dinars à la fin d’avril écoulé.

Circuits d’importations opaques

Cette situation souligne l’importance cruciale pour les autorités tunisiennes d’identifier des solutions durables pour réduire le déficit commercial avec la Turquie, afin de préserver la stabilité économique du pays et de garantir un développement équilibré et bénéfique pour tous les secteurs concernés.

Cependant, les chiffres des importations turques restent en grande partie incomplets, étant donné que la plupart des importations en provenance de ce pays se font en dehors des circuits structurés.

D’autre part, un grand nombre de tunisiens effectuent des voyages vers la Turquie pour motif de « tourisme » mais réellement ils chargent les marchandises turques après avoir payé leur valeur dans ce pays aux parties qui s’occupent de parachever toutes les procédures pour les exporter vers la Tunisie.

Graves conséquences sur le commerce et l’industrie nationale

Les entreprises de franchise contribuent également, à importer de grandes quantités de marchandises turques. A noter qu’il n’y a pratiquement pas de chiffres précis sur les activités de ces entreprises et leurs transactions malgré leur présence importante et croissante sur le marché tunisien depuis des années.

Les importations turques ne répondent pas généralement aux normes industrielles tunisiennes, en plus du comportement de nombreux industriels turcs qui changent délibérément l’origine des produits exportés vers la Tunisie, qui sont essentiellement des produits chinois dans la plupart des cas, afin de profiter des avantages douaniers et des privilèges d’exonération accordés en vertu de l’accord d’échanges commerciaux entre la Turquie et la Tunisie pour l’année 2004, qui a été révisé en vue du démantèlement complet des droits de douane sur les importations turques en Tunisie en 2013.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek