Economie

Le déficit budgétaire est bien maitrisé en 2022, selon les chiffres officiels !

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Des observateurs ne cessent d’alerter quant à l’ampleur du déficit budgétaire et à la nécessité de rationaliser les dépenses de l’Etat et ce, parallèlement à l’amélioration de la mobilisation des ressources fiscales et autres.  

Toutefois, des données publiées aujourd’hui vendredi 10 février 2022 par le ministère des finances montrent que la situation économique et financière du pays n’est pas aussi critique que l’on pense, puisque à fin novembre dernier, le déficit budgétaire a baissé et le rythme d’accroissement des ressources de l’Etat dépasse largement celui de l’évolution des charges budgétaires …

Défit budgétaire en baisse…

Les chiffres publiés hier jeudi 17 novembre 2022 par le ministère des Finances, avec un grand retard comme toujours, dans son bulletin de suivi du budget à fin août 2022 indiquent que le déficit budgétaire de la Tunisie n’a pas dépassé 5882,6 millions de dinars à fin novembre 2022 contre 9308 millions de dinars prévu au titre de l’année.

La raison de ce niveau « maitrisé » du déficit budgétaire, non élucidée par le bulletin ministériel, est toute simple et consiste au fait que les autorités n’ont pas versé suffisamment de subventions à plusieurs entreprises publiques (2,2 milliards de dinars) concernant notamment l’Office des Céréales, la STEG, la STIR, l’OCT, la Pharmacie Centrale.

Selon les chiffres du ministère, la maitrise de la balance budgétaire est due principalement à la hausse de recettes fiscales qui se sont élevées de 31,7 milliards de dinars à fin novembre 2022 soit un accroissement de 17% à 22,8 milliards de dinars.

Une variation importante et qui est difficilement explicable d’autant plus qu’elle provient de la hausse des impôts indirects (+1,6 milliards de dinars ou 28,1%) et ce, malgré la baisse de la consommation, privée et publique, en raison de l’inflation galopante et de l’aggravation des pénuries sachant que la loi des finances 2022 n’a pas révisé à la hausse les taux des impôts indirects.

Le ministère des Finances a également signalé un taux de réalisation par rapport aux prévisions des dépenses d’interventions (compensation et transferts aux familles nécessiteuses) qui s’est situé à 83,8% à fin novembre dernier et ce, en dépit de la hausse vertigineuse des charges d’importation des carburants et des produits de base (24 milliards de dinars) relayée sans cesse dans les communications des ministres de l’énergie, du commerce et de l’agriculture outre les informations diffusées par la banque centrale, dans ce sens.

Les autorités mobilisent des ressources de trésorerie … négatives !

Sur un autre plan, les données bulletin du ministère révèlent que les ressources de trésorerie, ont baissé à fin novembre 2022 de 15,3%, atteignant 13,2 milliards de dinars, contre 15,6 milliards de dinars pendant la même période de l’année précédente.

Sous cet angle, les ressources d’emprunt ont augmenté durant la période novembre 2021-novembre 2022 de 13,2 à 16,2 milliards de dinars soit une progression de 3 milliards de dinars ou 23%. 

Néanmoins, le bulletin du ministère des finances pour le suivi du budget de l’Etat au titre du mois novembre écoulé montre que la rubrique « autres ressources de trésorerie » présente un solde négatif de 2,9 milliards de dinars. Une première en finances publiques puisque toutes les ressources budgétaires fiscales et / ou provenant d’emprunts doivent obligatoirement être positives.

Loin des chiffres du ministère, il est important de rappeler que la loi des finances complémentaire 2022 prévoit un déficit budgétaire de 9,3 milliards de Dinars, soit 6,7% du PIB projeté et qui peut atteindre 9,7% du PIB.

Il est à noter que les dispositions de la loi organique du budget – la loi n°2019-15 du 13 Février 2019 – appellent explicitement à veiller à la sincérité et la transparence des données relatives aux lois de finances.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek