Alors que la France s’apprête, avec l’Arabie saoudite, à organiser en juin prochain une grande rencontre internationale à l’ONU sur la Palestine le gouvernement israélien s’arrange pour que l’occupation torpille toute solution politique. Alors que Paris pourrait reconnaître l’État palestinien dans quelques semaines Benjamin Netanyahu fait tout ce qui est possible pour que le futur État soit mort-né, avec un émiettement et une colonisation qui empêchent toute continuité territoriale. Tel-Aviv vient de porter un autre coup à la solution à deux États.
De l’avis de tous, même du premier soutien d’Israël, les USA, la solution à deux États est la seule voie pour mettre un terme à 77 ans de drames dans le voisinage. Cet horizon se dérobe encore un peu plus avec l’annonce ce jeudi 29 mai de la création de 22 nouvelles colonies juives en Cisjordanie occupée. Inutile de vous dire qu’avec ça l’État hébreu aura encore moins d’amis dans le monde, des rangs déjà dépeuplés par les horreurs sans nom que commet l’armée israélienne à Gaza.
La Cisjordanie et ses terres fertiles arrosées par le Jourdain obsèdent Netanyahu, le Premier ministre qui a colonisé le plus de terres palestiniennes dans toute l’histoire de l’État hébreu. Sans parler des morts signés par Tsahal et les colons extrémistes. Les seuls engagements que le Premier ministre avait pris durant la campagne électorale de 2022 c’est qu’avec lui il n’y aurait jamais de Paix avec l’ennemi – la Palestine -, jamais d’État palestinien. Donc de ce point de vue l’annonce de ce jeudi ne surprend pas.
La décision, actée par le cabinet de sécurité israélien, a été officialisée sur X par le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, lui-même colon d’extrême droite et ministre au sein du département de la Défense en charge de la gestion civile en Cisjordanie, en d’autres termes l’administration des colonies. Et oui, les terres volées ont aussi leur ministre, le même qui avait théorisé – avec son collègue à la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir – dès début janvier 2024 la déportation des Gazaouis.
« Nous avons pris une décision historique pour le développement des implantations : 22 nouvelles localités en Judée-Samarie« , a clamé le tristement célèbre Smotrich, qui s’est permis de reprendre l’appellation que les Israéliens donnent à la Cisjordanie, territoire palestinien que l’État hébreu a arraché depuis 1967.
« Il s’agit d’une décision historique […] qui change la face de la région et façonne l’avenir de l’implantation [israélienne en Cisjordanie] pour les années à venir« , a corroboré dans un communiqué le ministre de la Défense, Israël Katz, l’ex-chef de la diplomatie qui inflige les souffrances que l’on sait aux populations de Gaza. Il a remplacé Yoav Gallant, jugé trop timoré par Netanyahu. Pourtant le mandat d’arrêt de la CPI pour crimes de guerre prouve que non.
Rappelons que la colonisation israélienne, illégale d’après le droit international, est fréquemment dénoncée par l’ONU. Tel-Aviv détient même tous les records de condamnations et résolutions des Nations unies, mais il n’en a cure vu que les Américains bloquent toute sanction internationale.
L’annonce de Smotrich pollue celle de l’émissaire spécial du président Donald Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff. Il a confié hier mercredi avoir « un très bon ressenti » sur la probabilité d’une trêve à Gaza après 600 jours de guerre.
D’après une carte mise en ligne par le Likoud, le parti de droite de Netanyahu, les 22 colonies lorgnées sont disséminées dans toute la Cisjordanie, du nord au sud en passant par le centre. 2 des 22 colonies visées, Homesh et Sa-Nur, portent une symbolique forte : nichées dans le nord de la Cisjordanie elles sont des réimplantations, après avoir été évacuées en 2005 dans le cadre du plan de désengagement israélien de la bande de Gaza imposé par le Premier ministre de l’époque, Ariel Sharon…
Netanyahu et sa coalition de partis ultra orthodoxes et d’extrême droite font pire que le sanguinaire Sharon. Selon des ONG de défense des droits humains et les militants contre la colonisation, les terres annexées en Cisjordanie sous ce gouvernement affichent une superficie inégalée, notamment depuis le début de la guerre consécutive à l’attaque du 7 octobre 2023 perpétrée par le Hamas en Israël.
Smotrich l’assume publiquement, sur X : « Nous n’avons pas pris une terre étrangère, mais l’héritage de nos ancêtres. Prochaine étape : la souveraineté. » Près de 500 000 Israéliens campent dans des colonies en Cisjordanie, cernés par 3 millions de Palestiniens. Mais les occupants n’ont aucune intention de vider les lieux, ni aujourd’hui ni demain…
Qui les convaincra du contraire ? Qui bloquera la main de Smotrich et Ben Gvir ? Je pose ces questions au « meilleur ami » de Netanyahu, le président Trump, qui dit-il est révulsé par le visage de la famine à Gaza.
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