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Le “devoir” de casser la rigueur budgétaire, 1100 recrutements et une explication hallucinante

Le “devoir” de casser la rigueur budgétaire, 1100 recrutements et une explication hallucinante

Au nom du sauvetage des universités publiques le gouvernement va faire une entorse à l’orthodoxie budgétaire en recrutant 1100 assistants universitaires. L’annonce a été faite ce mardi 4 octobre par le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Moncef Boukthir…

 

Le ministre a admis, sur une radio privée, que cette opération a un coût pour des finances publiques très mal en point mais que c’est la seule voie pour combler l’exil – Moncef Boukthir a dit départ, c’est plus correct politiquement – de quelque 2000 professeurs universitaires. C’est beaucoup, beaucoup trop…

 

Mais il y a surtout l’explication surréaliste sur cette affaire : l’émigration des professeurs et leur intégration à l’étranger sont un gage de la qualité de l’enseignement en Tunisie. En d’autres mots le fait que nos brillants professeurs trouvent des planques à l’étranger, abandonnant en rase campagne leur patrie qui a tant besoin d’eux pour se sortir des affres du sous-développement, n’a pas l’air de poser problème au ministre, tout ce qu’il y voit c’est un brevet de satisfecit pour la qualité de la formation tunisienne. Ce n’est pas à lui qu’on va aller demander des solutions pratiques pour retenir nos compétences…

 

Bon, la fuite des cerveaux qu’on a mis tant de temps à former, y grillant des moyens financiers que la Tunisie n’a pas, ça commence à être un vieux disque rayé, surtout ces dernières années. Tout le monde ou presque veut prendre le large, même ceux qui sont à l’abri des besoins matériels mettent les voiles, pour des tas de raisons. Le chef de l’Etat s’en est ému – un peu tard mais vaut mieux tard que jamais -, mais n’a aucune once de remède pour arrêter l’hémorragie. Il semble même que les autorités s’en accommodent, pour les devises que ça rapporte – des devises qui pourraient se faire plus rares avec ce qui se prépare -, pour caser des chômeurs pour qui toutes les routes locales sont obstruées, etc.

 

Ainsi va la Tunisie, entre les inepties de ses responsables et le sauve-qui-peut des autres, une glissade inexorable que le pays paye chèrement. L’ironie du sort c’est que ces mêmes enseignants universitaires qui seront embauchés seront les candidats à l’émigration de demain si la trajectoire de la nation n’est pas rectifiée. Un éternel recommencement…

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