Economie

Le dur exercice du pouvoir : 2e reculade face aux présumés businessmen véreux?

Le dur exercice du pouvoir : 2e reculade face aux présumés businessmen véreux?

Le chef de l’Etat, Kais Saied, en a encore parlé hier jeudi 20 janvier, avec le brio qu’on lui connait : Contraindre les hommes d’affaires qui ont mis le doigt dans le pot de confiture à financer des projets publics, au nom du développement régional. Au bout de 10 ans de suivi – le temps qu’il faut pour s’assurer qu’ils ont bien tenu parole -, ces présumés corrompus ou corrupteurs auraient leur quitus. Cela fait des semaines, des mois, que le président de la République promet cela à une opinion publique conquise. Mais toujours rien…

C’est tout le problème du fossé entre les vues de l’esprit et le réel, les promesses de campagne et la réalité du terrain, les bonnes intentions et le pouvoir effectif des pouvoirs publics. Kais Saied était peut-être de bonne foi en assénant ça, on peut lui en faire le crédit, mais a-t-il les moyens de la promesse faite à des millions de Tunisiens ? Le président de la République fait la douloureuse expérience des limites de la puissance publique, même si depuis le 25 juillet 2021 il a quasiment tous les pouvoirs entre ses mains…

Le chef de l’Etat découvre qu’il ne suffit pas de demander pour avoir, de dire pour faire ; il y a des procédures à suivre, des règles à respecter. Il y a surtout le fait qu’épingler les businessmen présumés véreux est l’affaire de la justice, auprès de laquelle Kais Saied n’est pas en odeur de sainteté en ce moment, en dépit de ses soutiens de poids. Et la justice c’est long, ça prend du temps, ça prend la tête. Le temps de la justice n’est définitivement pas le temps de la politique. Le président de la République est pris par le temps, il a une économie à faire tourner urgemment, il a des engagements à tenir, il a des électeurs à satisfaire…

Il n’y a qu’à voir toute la bronca suite aux manifestations du 14 janvier pour comprendre que Kais Saied, fût-il l’homme fort du pays, marche sur des oeufs et doit être le plus précautionneux possible dans les actes qu’il pose. Car si retour de manivelle il y a, c’est tout le pays qui va trinquer. Même lui ne peut pas s’affranchir de toutes les contraintes matérielles, il ne peut pas tout enjamber. C’est le cas pour les prétendus milliards planqués dans des paradis fiscaux, qu’il croyait là aussi, peut-être de bonne foi, pouvoir ramener d’une traite ; idem pour le scandale des voitures de fonction qu’il croyait pouvoir stopper ; pareil pour l’Impôt sur la fortune qu’il avait promis de manière véhémente, etc.

Kais Saied, comme du reste tous ceux qui l’ont précédé à la tête du pays (je ne citerai que feu Béji Caied Essebsi et son projet mort-né d’égalité successorale ou encore Youssef Chahed et sa batterie de réformes avortées), est en train de faire le dur apprentissage du pouvoir. Au bout de son chemin il y aura des réussites, des succès éclatants, mais aussi beaucoup d’échecs, de désillusions. C’est ainsi dans tous les pays du monde, mais ça l’est encore plus dans cette Tunisie post-révolutionnaire qui a de grandes ambitions mais n’a pas les moyens de sa politique, mais dont surtout les citoyens sont très difficiles à mettre en ordre de bataille…

 

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