Economie

Le gang de l’alimentation animale interdira-t-il aux tunisiens de manger de la viande ?

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Le Syndicat des Agriculteurs de Tunisie (SYNAGRI) a dénoncé hier, mercredi 19 mai 2021, les augmentations successives et excessives des prix des aliments composés pour animaux (mélanges alimentaires) destinés aux bovins, ovins et les volailles. Le syndicat a fait savoir que les augmentations sont devenues quasi mensuelles, « aléatoires » et « récurrentes » au point d’exposer le secteur à la faillite.

Le SYNAGRI considère ce qui se passe est une « destruction organisée » du secteur de l’élevage en Tunisie et de la sécurité alimentaire du pays ce qui causera, certainement, selon lui et dans la une courte période la « disparition » d’environ 100 mille petits et moyens éleveurs des différentes filières du secteur.

Le problème du monopole de la vente des aliments pour animaux d’élevage par quelques sociétés a fini par écraser les petits agriculteurs. L’absence de tout contrôle des autorités des marges commerciales de ces sociétés et face à la non classification par les pouvoirs publics des aliments composés tels que le Soja et le Maïs dans la nomenclature des produits alimentaires de base risque de détruire définitivement les petits éleveurs qui contribuent à hauteur de 80% de la production alimentaire du secteur et les pousser à la faillite.

D’ailleurs un appel a été lancé, à cet effet, par le syndicat aux agriculteurs à ne plus investir dans le secteur tant que l’Etat ne prend pas des mesures pour le régulariser.

Par ailleurs, plusieurs observateurs et spécialistes du domaine n’ont cessé d’alerter quant à la dangerosité de l’accaparation par 12 sociétés dont 7 appartenant à un « grand groupe » de 80% des importations des aliments composés pour animaux.

Ces sociétés maitrisent en fait non seulement le marché de l’importation mais aussi la production de viande à travers ses filiales. Elle est ainsi dans une situation de monopole en amont et en aval du secteur, dans son ensemble. Les agriculteurs et notamment « les petits » sont devenus de simples sous-traitants chez eux…

Mieux encore, les organismes officiels chargés de la distribution de l’alimentation animale en principe selon des normes bien définies et des quotas ont abandonné toutes leurs règles du travail pour passer à l’« anarchie » au vu et su de tout le monde et surtout de l’autorité de tutelle et de l’autre organe « représentatif » des agriculteurs, l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP).

Bien que des solutions existent pour l’encouragement de la production et l’importation des aliments pour animaux jadis prospère, les deux ministères, celui du Commerce et celui de l’Agriculture font la sourde oreille aux appels de détresse des agriculteurs qui souffrent des pénuries en intrants et en fourrage dues aux agissements des bandes criminelles qui ont pu maitriser tous les circuits de production et de distribution pour spolier les producteurs que les consommateurs.

Le trafic de bien rodé ces gangs, surtout durant les dernières années, gangrène tout : alimentation de bétail, engrais, semences, approvisionnement des marchés, financement usurier des petits agriculteurs, distribution des cartes professionnelles aux agriculteurs, etc. en détruisant les petits éleveurs, ces gangs finiront certes, par interdire à la population l’accès à la viande à moyen terme.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek