Le projet d’exploitation du gisement de phosphate de Sra Ouertane, situé au sud du gouvernorat du Kef, franchit une nouvelle étape avec la déclaration d’intention claire du groupe chinois Asia-Potash International Investment Guangzhou.
En visite officielle dans la région, le président du groupe a confirmé la volonté de son entreprise d’accélérer les démarches administratives pour obtenir les autorisations nécessaires au démarrage du projet.
Ce chantier stratégique, dont l’investissement initial est estimé à 800 millions de dinars, prévoit une capacité de transformation annuelle d’un million de tonnes de phosphate dès sa première phase de mise en œuvre. À terme, le projet devrait générer plus de 1 500 emplois directs, ce qui en fait un levier majeur pour le développement économique et social du Kef, l’un des gouvernorats les plus touchés par le chômage et la marginalisation économique.
Lors de sa rencontre avec le gouverneur du Kef, Walid Kbaïa, le président d’Asia-Potash a mis en avant l’expertise internationale de son groupe dans le domaine minier, notamment en matière de valorisation durable des ressources naturelles. Il a également exprimé son engagement à favoriser l’intégration locale, à travers la formation, l’emploi et l’implantation d’activités annexes.
Le gouverneur, de son côté, a réitéré le soutien plein et entier des autorités régionales pour accompagner ce projet structurant, en levant les éventuels freins administratifs et logistiques. Il a encouragé la partie chinoise à finaliser dans les meilleurs délais les études techniques et les travaux de prospection géologique, condition préalable à l’obtention des autorisations du ministère de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie.
La délégation chinoise a ensuite effectué une visite de terrain sur le site même de Sra Ouertane, où elle a consulté les cartes géologiques, les données techniques ainsi que les estimations des réserves en phosphate. Ces éléments confirment le potentiel minier considérable du site, déjà identifié comme l’un des gisements stratégiques du pays.
Analyse
Le retour de l’investissement minier à grande échelle dans le nord-ouest tunisien, et particulièrement au Kef, marque une évolution significative dans la politique d’attractivité économique régionale. Si le projet de Sra Ouertane se concrétise, il pourrait repositionner le Kef comme un pôle minier majeur, complémentaire à celui de Gafsa, historiquement dominant mais aujourd’hui fragilisé.
La présence du groupe Asia-Potash, acteur reconnu au niveau international, offre à la Tunisie une opportunité précieuse : celle de capter des capitaux étrangers dans des secteurs industriels à haute intensité de main-d’œuvre, tout en modernisant ses infrastructures minières.
Cependant, cette dynamique devra s’accompagner d’une vigilance particulière sur plusieurs fronts :
Social : les promesses d’emploi devront se traduire par des engagements contractuels clairs, notamment en matière de recrutement local.
Environnemental : l’exploitation du phosphate ne doit pas reproduire les erreurs du passé. Des garanties écologiques solides doivent encadrer le projet.
Gouvernance : la transparence sur les flux financiers, la fiscalité minière, ainsi que sur les mécanismes de partage des bénéfices avec les collectivités locales, sera essentielle pour asseoir la légitimité du projet.
En somme, le projet de Sra Ouertane pourrait devenir un catalyseur de développement inclusif et durable — à condition que les administrations tunisiennes exercent un pilotage stratégique ferme, dans un esprit de partenariat équilibré avec l’investisseur étranger.
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