Economie

Le gouvernement cherche à emprunter 1000 millions de dinars auprès des banques sur une année

Le gouvernement cherche à emprunter 1000 millions de dinars auprès des banques sur une année

D’après le bulletin quotidien publié hier mercredi 29 juin 2022 par Tunisie Clearing, dépositaire central des titres, le trésor public annonce l’ouverture d’une adjudication de bons du trésor à court terme (BTC) pour 1000 millions de dinars (MD) remboursables sur 52 semaines. Les opérations d’adjudication de ce type de bons correspondent, au fait, à des émissions de dettes sur l’Etat matérialisées par des titres spécifiques qui sont souscrites par les banques qui les comptabilisent au niveau de leurs actifs et plus précisément à la rubrique « portefeuille-titres commercial ».

Le trésor public annonce, en outre, l’ouverture d’une adjudication des bons de trésor assimilables (BTA), qui sont des bons d’Etat de longue maturité, pour 50 MD remboursables entre décembre 2028 et mars 2033 avec des taux d’intérêt variant entre 7,5 et 8%.

Le trésor annonce, par ailleurs, qu’à la suite de l’adjudication des BTC du 14/06/2022 un montant en nominal de 160 MD a été mobilisé pour un taux d’intérêt maximum de 7,75%.

Le recours de l’Etat à l’endettement auprès des banques est de plus en plus pesant et pour cause, son encours est estimé fin avril dernier, d’après les données du ministère des finances, à 41908,4 MD ce qui représente 39,3% de l’encours total de la dette publique. Le coût de la dette intérieure auprès des banques est élevé du fait que le service de celle-ci s’est important avec un remboursement du principal, au cours des quatre premiers mois de cette année de 1900,1 MD et des intérêts pour 862,6 MD soit 2762,6 MD au total, l’équivalent de 54,8% du service de la dette publique globale.

Il est à noter qu’en début de semaine la maison de notation Moody’s a mis en garde dans un rapport contre la forte exposition des banques tunisiennes aux risques liés particulièrement aux prêts qu’elles accordent à l’Etat, à court de liquidités, et a considéré leurs perspectives comme négatives en raison de l’environnement opérationnel marqué par la montée des troubles institutionnels et économiques.

L’exposition des banques tunisiennes au risque encouru par le gouvernement, notamment en raison de leurs souscriptions aux bons du Trésor et leur participation aux prêts syndiqués en devises à l’État et l’octroi des prêts aux entreprises publiques, est estimée à environ 1,2 fois leurs capitaux propres déclarés en novembre 2021, précise Moody’s.

L’exposition des banques à la dette publique pourrait même augmenter, car le financement du FMI et des bailleurs de fonds du gouvernement tunisien reste conditionné par la réalisation de réformes économiques structurelles qui n’ont pas encore fait l’objet de consensus, indique l’agence soulignant que l’exposition du gouvernement aux risques souverains influe le profil de crédit des banques et l’adosse sur celui de l’État, dont la faible note Caa1 est estimée avec une perspective négative.

D’ailleurs et sous ce même angle, une note récente du Fonds Monétaire International (FMI) a révélé que les avoirs en dette souveraine détenus par les banques au monde (endettement intérieur matérialisé par les bons d’Etat) atteignent des niveaux sans précédent au moment où les autorités dépensent de l’argent public pour atténuer les effets de la pandémie, Ceci accroît la probabilité que les pressions sur les finances publiques mettent en péril la stabilité financière ; Il importe que les pouvoirs publics interviennent rapidement pour limiter ce risque, martèle l’institution financière internationale.

Parmi les pays émergents, le ratio moyen de la dette publique au produit intérieur brut (un indicateur essentiel de la santé budgétaire d’un pays) a atteint l’an passé un niveau de record de 67%, d’après le chapitre 2 de l’édition d’avril 2022 du rapport sur la stabilité financière dans le monde du FMI.

On note aussi que les banques des pays émergents ont fourni l’essentiel de ce crédit, ce qui a fait augmenter leurs avoirs en dette souveraine à un niveau record de 17% de leurs actifs en 2021. Dans certains pays, la dette souveraine représente un quart des actifs bancaires. Il en résulte que les États des pays émergents sont fortement tributaires du crédit que leur accordent leurs banques, et que ces banques sont elles-mêmes fortement tributaires des obligations d’État, qui peuvent leur servir de garanties quand elles cherchent à se financer auprès de la banque centrale.

Également et selon une analyse de l’agence de rating, Standard & Poor’s (S&P), le coût du défaut de la dette souveraine tunisienne s’élève à 7,9 milliards de dollars (soit 21,4 milliards de dinars) pour le secteur bancaire (principal préteur intérieur de l’Etat), ce qui représente 102% du total des fonds propres de tout le système bancaire, et 17,3% du PIB pour 2021.

D’après S&P, l’exposition des banques tunisiennes à la dette souveraine a plus que doublé pendant la dernière décennie, couplée à une forte hausse de la dette publique.

L’agence de notation a précisé qu’un défaut souverain en 2022 demeure très improbable, et si c’est le cas, il coûterait aux banques entre 4,3 et 7,9 milliards de dollars ou 55% à 102% de leurs fonds propres.

Pour autant, le FMI appelle les gouvernements de manière générale, à mettre en place certaines mesures pour gérer au mieux leurs dettes auprès des banques dont notamment, l’adoption des cadres de résolution pour la dette souveraine intérieure afin de faciliter une restructuration et un désendettement ordonnés lorsque c’est nécessaire et le renforcement des procédures encadrant la liquidité ordonnée des banques lorsque celle-ci est nécessaire, et apporter des liquidités en temps de crise.

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