À l’occasion du salon de la défense DSEI Japan, le ministère japonais de la Défense a révélé un prototype avancé de canon électromagnétique, une arme de rupture conçue pour contrer les menaces émergentes telles que les missiles hypersoniques.
Le Japon devient ainsi le premier pays à avoir officiellement testé ce type d’équipement en conditions réelles sur un navire, prenant une longueur d’avance sur d’autres puissances militaires engagées dans la même course technologique, dont la France.
Contrairement à l’artillerie classique propulsée par des charges de poudre, le canon électromagnétique – ou railgun – utilise une énergie électrique colossale pour lancer un projectile à très haute vitesse, dépassant les 200 mètres par seconde à la sortie du canon. L’impact repose uniquement sur l’énergie cinétique, rendant inutile toute charge explosive.
Selon un responsable de l’Agence de technologie, logistique et acquisition (ATLA), ce type de canon pourrait neutraliser des cibles telles que drones, missiles balistiques, voire navires, avec une précision et une efficacité accrues. « Des menaces que seuls des canons électriques peuvent intercepter apparaîtront bientôt », a déclaré ce responsable à l’AFP.
En France, le projet de railgun est porté par l’Institut franco-allemand de recherches de Saint-Louis, avec un objectif clair : équiper les futures frégates de la Marine nationale. L’Agence de l’innovation de défense mise sur une portée de tir supérieure à 200 km et une capacité de tir plus dense grâce à l’absence d’explosifs, permettant de transporter davantage de munitions à bord.
La France, le Japon et l’Allemagne ont signé en mai 2024 un accord de coopération trilatéral pour faciliter les échanges d’informations et explorer des synergies industrielles sur cette technologie. Un partenariat stratégique qui vise à harmoniser les normes et accélérer la mise en service opérationnelle.
Le salon DSEI Japan, qui se déroule du 22 au 24 mai, s’inscrit dans une dynamique de transformation de la politique de défense japonaise. Longtemps cantonné à une posture défensive stricte, le pays cherche désormais à accroître ses capacités exportatrices en matière d’équipements militaires.
L’entreprise Mitsubishi Heavy Industries (MHI) est notamment en lice face à l’allemand Thyssen Krupp Marine Systems (TKMS) pour remporter l’appel d’offres australien « Sea 3000 », portant sur plusieurs milliards de dollars pour la fourniture de frégates de dernière génération à la marine australienne. Un contrat qualifié de plus important projet d’exportation militaire du Japon depuis la Seconde Guerre mondiale, selon les médias nippons.
Outre le Japon et la France, les États-Unis, la Chine et l’Allemagne investissent massivement dans le développement de canons électromagnétiques. Cependant, l’avance prise par la marine japonaise avec ses essais en mer constitue un tournant, marquant le passage de la phase expérimentale à la validation technologique en milieu réel.
Ainsi, en exposant son canon électromagnétique au salon DSEI Japan, le Japon envoie un signal fort à la communauté internationale : l’ère de l’artillerie électrique n’est plus une vision futuriste, mais une réalité stratégique en gestation.
Tandis que la France et ses partenaires européens poursuivent leurs travaux de recherche, Tokyo s’impose comme un pionnier dans un domaine appelé à redéfinir les équilibres militaires des décennies à venir.
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