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Le Liban s’enfonce, s’enfonce : l’ambassadeur à Paris “exfiltré” pour échapper au procès pour viol et violences

Le Liban s’enfonce, s’enfonce : l’ambassadeur à Paris “exfiltré” pour échapper au procès pour viol et violences

Il y a de fortes chances que l’ambassadeur du Liban à Paris, Rami Adwan, ne réponde jamais devant la justice française des accusations de viol et violences sur deux anciennes employées. Son rappel à Beyrouth alors que Paris a demandé aux autorités libanaises de lever son immunité laisse penser que son pays veut le soustraire à la justice française, comme d’autres responsables…

L’ambassadeur n’est pas extradable, C.Q.F.D.

«À la suite de (…) l’envoi, par le ministère des Affaires étrangères, d’une commission d’enquête à l’ambassade à Paris, il a été décidé de rappeler l’ambassadeur Rami Adwan à l’administration centrale», a fait savoir hier jeudi 8 juin le ministère libanais des Affaires étrangères.

Le département a par la suite dit avoir signifié au Quai d’Orsay que «le conseiller Ziad Taan prendrait la tête de la mission en tant que chargé d’affaires». A noter que mardi dernier la diplomatie libanaise a dépêché à Paris une équipe pour faire la lumière sur cette sombre affaire de viol et violences, le personnel de l’ambassade a été auditionné.

Rappelons que la première victime présumée, âgée de 31 ans, a déposé une plainte en juin 2022 pour un viol qui aurait eu lieu, selon le PV de la police, en mai 2020 dans l’appartement privé de l’ambassadeur, ont confié les sources proches de l’enquête. On sait aussi qu’elle avait une «relation amoureuse» avec l’ambassadeur qui en aurait profité pour lui faire subir des «violences psychologiques et physiques avec humiliations quotidiennes».

La deuxième victime présumée, âgée de 28 ans, avait elle aussi une relation intime avec le diplomate ; sa plainte a été déposée en février dernier, pour une série d’agressions physiques qui seraient motivées par le refus de la jeune femme d’avoir un rapport sexuel. L’avocat de M. Adwan, Me Karim Beylouni, a rétorqué que son client «conteste toute accusation d’agressions sous quelques formes que ce soit» et reconnait tout au plus des relations amoureuses agitées.

Toujours est-il que Rami Adwan est maintenant hors de portée des tribunaux français et très vraisemblablement ne sera jamais inquiété puisque le Liban n’extrade pas ses ressortissants, quelle que soit la gravité des faits qui leur sont reprochés. Et il y a de fâcheux précédents…

Carlos Ghosn, le gouverneur de la Banque centrale… : Tous ont échappé à la Justice

Carlos Ghosn, l’ex-patron de Renault et Nissan, traqué par la justice japonaise et française pour abus de biens sociaux et fraude fiscale, s’est planqué au Liban depuis décembre 2019, après une évasion rocambolesque du Japon dans une malle.

Il y a aussi le cas du gouverneur de la Banque centrale du Liban, Riad Salamé, sous le coup d’un mandat d’arrêt international émis par la justice française pour détournements massifs de fonds et enrichissement illicite. Tout ce que la justice de son pays a trouvé à faire c’est lui interdire de voyager. Une manière de le mettre à l’abri d’une arrestation à l’étranger pour être extradé en France.

On peut aussi évoquer le scandale des instructions judiciaires sur l’explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020, laquelle a causé 215 morts et 6500 blessés. Aucun des dossiers dans les tiroirs des juges n’a abouti à la condamnation d’un responsable. On en est là presque 3 ans après cette tragédie nationale…

Ainsi va le Liban, un pays en panne à tous les niveaux, gangrené par une corruption endémique qui l’empêche de sortir des affres du sous-développement. Et la manne du gaz partagée avec Israël n’y fera rien. Les problèmes du Liban sont trop sérieux pour que quelques milliards de dollars y changent quoi que ce soit.

Tant que la classe politique n’aura comme unique horizon le partage du gâteau sur une base confessionnelle – entre chiites du Hezbollah, chrétiens et sunnites – rien de bon ne sortira du “Pays du Cèdre”. Mais que diable Jihad Azour est allé faire dans ce nid de guêpes, lui qui a quitté provisoirement son poste très en vue au FMI pour se mettre au service du Liban ? Surtout que le poste qu’il vise, président de la République, est protocolaire et n’a aucune prise sur les grands dossiers du pays…

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