Les putschistes, je le redis, n’ont tenu aucune de leurs promesses, ils n’ont rien fait pour le Mali et les Maliens. C’est valable aussi dans le voisinage. Ils n’ont rien fait à part se servir, avec la complicité d’une frange de la population que l’Histoire jugera très sévèrement. La France est partie, les problèmes sont restés, ils ont même empiré. Pas de sécurité – les incursions djihadistes n’ont jamais été aussi meurtrières -, pas de décollage économique, pas de perspectives d’avenir, pas même un retour à l’ordre constitutionnel. Les militaires promettent depuis 2021 d’organiser des élections pour rendre le pouvoir aux civils. Ils n’en prennent pas le chemin.
Le général auto-proclamé Assimi Goïta a organisé des consultations factices pour être désigné président de la République – il n’est plus président de la Transition – pour une durée de 5 ans. Le temps qu’il lui faudra pour bétonner davantage. Les putschistes ont goûté aux dorures du pouvoir, ils n’envisagent plus leur existence dans ces camps militaires rugueux et austères. C’est valable au Niger, au Burkina Faso et en Guinée, sous le motif fallacieux que la sécurité nationale le dicte. Et quand la société civile proteste, éructe, se cabre les putschistes interdisent toute activité politique.
La junte malienne l’a fait en avril 2024, elle remet ça ce mercredi 7 mai. Les activités des partis et des “associations à caractère politique” sont gelées “sur toute l’étendue du territoire national jusqu’à nouvel ordre pour raison d’ordre public“, argue un décret lu à la radiotélévision nationale. La même explication qui a été servie lors du premier tour de vis et à laquelle personne ne croit, pas même les thuriféraires du régime.
Les militaires entendent ainsi barrer la route à la coalition de partis politiques qui a appelé à battre le pavé ce vendredi 9 mai pour exiger le retour à l’ordre constitutionnel et protester contre l’annonce de la dissolution de tous les partis politiques. C’est toujours la société civile et les formations politiques qui trinquent quand les militaires dictent leur loi après les coups d’Etat.
Pourtant la Constitution malienne de 1992 grave sur le marbre le multipartisme, les libertés d’expression et d’association, des principes rappelés par la nouvelle loi fondamentale promulguée en 2023 par le général Goïta. Il faut croire que tout ça est du flan, du vent. Les Maliens ont cru qu’en expulsant bruyamment le “colon français” tous leurs problèmes allaient être réglés, comme par enchantement. Ils ne sont pas au bout de leur désenchantement.
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