Sûrement sous le coup de l’émotion et l’engagement professionnel certain, le ministre de la Santé, Fawzi Mahdi, a annoncé aujourd’hui mardi 3 novembre 2020 que le ministère avait contacté près de 3000 médecins tunisiens travaillant à l’étranger pour les inciter à revenir au pays, du moins temporairement, par solidarité avec les autorités dans leur lutte contre le coronavirus.
Cette déclaration a été faite lors d’une cérémonie de réception d’un don de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), taillée dans le budget de l’organisation syndicale, qui n’a jamais été déclaré.
Cependant, ce qui intrigue dans les propos du ministre c’est qu’il parle de personnes qui ne sont pas au chômage, installées à l’étranger selon des statuts réguliers et ayant évidemment des engagements professionnels et autres, contraignants et pressants tels que la lutte contre l’épidémie du COVID-19 dans leurs pays d’accueil…
Le discours surréaliste du ministre intéresse, en outre, des médecins tunisiens, généralement en début de parcours, qui ont choisi l’immigration faute d’opportunité d’évolution de leur carrière en Tunisie et surtout en raison des très faibles salaires qui varient entre 1000 et 1100 dinars (310 – 340 euros) pour un résident en fin de cursus.
Le ministre de la Santé, Fawzi Mahdi, commet ainsi une autre erreur monumentale qui s’ajoute à ses bourdes depuis qu’il est à ce poste. Cette fois, il prend carrément les tunisiens pour des ignorants de la réalité amère de la situation des médecins en Tunisie et notamment les jeunes parmi eux.
Depuis 2012, les jeunes médecins n’ont pas cessé de manifester leur colère contre le ministère de la Santé. Au fait, les médecins internes et les résidents travaillent dans le secteur public sans aucun statut juridique, aucune couverture sociale, aucune protection juridique et surtout sans plage horaire exacte et avec des moyens modestes.
Face à cette situation, de nombreux jeunes médecins tunisiens, que le ministre de la Santé veut faire revenir, quittent le pays chaque année pour améliorer leur situation matérielle et les conditions de travail en Europe et ailleurs.
La France et l’Allemagne sont les deux destinations les plus prisées pour cette jeunesse qui, une fois partie, a toutes les chances de vouloir exercer dans le pays d’accueil. Un véritable gâchis pour l’Etat tunisien !
Encore un vœu pieux du ministre de la Santé qui aurait pu mieux faire en fournissant les moyens nécessaires aux médecins déjà présents dans les hôpitaux publics pour lutter contre la COVID-19 et éviter une communication désastreuse et surtout inutile.
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