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Le ministre des finances, fossoyeur des PME en Tunisie

Le ministre des finances, fossoyeur des PME en Tunisie

Sont considérées comme petites ou moyennes entreprises (PME), selon les normes de la banque mondiale, les entreprises dont l’effectif varie entre 10 à 199 employés. En Tunisie, l’Institut national de la statistique (INS) considère comme PME, toute entreprise dont l’effectif varie de 6 à 199 employés.

Les PME contribuent en Tunisie à 67% des activités économiques et à 65% des emplois. Le secteur bancaire et le leasing contribuent à près de 92% du financement des entreprises en Tunisie contre environ 8% pour le marché financier.

Également d’après l’INS, sur les 770 mille entreprises privées, recensées en Tunisie, en 2017, 87% sont unipersonnelles, 9% emploient entre 1 et 5 salariés, 2%, font travailler entre 6 et 200 salariés alors que seulement 0,11% emploient plus que 200 salariés. Ces données montrent que les PME sont un véritable levier de l’économie tunisienne notamment en termes de croissance, d’investissement et d’emploi.

Selon, l’enquête « Miqyes », présentée par la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (CONECT) en septembre dernier, 90% des PME enquêtées, ont ressenti un impact à la suite de la crise sanitaire avec, pour 34% d’entre elles, un arrêt de leur activité. Très peu d’entreprises avaient un plan de préparation aux crises (20% et 15% l’ont utilisé).

51% des entreprises n’ont pas pu adapter leur activité au contexte et 18% des entreprises n’ont pas repris leur activité, tandis que 50% ont une reprise très lente. Il s’agit d’une situation assez critique et inquiétante.

Fin mars 2020 et lors de la crise sanitaire, l’ex-chef du gouvernement Ilyès Fakhfek a annoncé la prise de quelques mesures en faveur des PME et qui s’articulaient essentiellement autour du report de trois mois du paiement des caisses nationales de la sécurité sociale (CNSS) pour le deuxième trimestre, le report de 6 mois des remboursements des crédits bancaires et le rééchelonnement des crédits douaniers pendant 7 ans.

Il a été prévu, en outre, une aide financière de 500 millions de dinars en faveur des entreprises qui ont connu de graves difficultés à la suite de l’épidémie du Coronavirus et la constitution d’un fonds d’investissement de 700 millions dinars pour la restructuration des entreprises en difficultés.

Sous le gouvernement Mechichi et le ministre des Finances Ali Kooli, aucune mesure n’a été prise pour soutenir les PME ou pour consolider les mesures déjà prises par Fakhfekh.

Au contraire, le gouvernement actuel n’a pris que des contre-mesures qui ont aggravé la situation des PME en pleine crise Covid, telle l’élargissement de l’assiette du calcul de l’impôt sur les sociétés pour les entreprises exportatrices largement constituées par des PME, au niveau du projet de la loi des finances 2021, l’ajournement des propositions d’arrangements fiscaux et du change aux calendes grecques et surtout le déploiement d’ « importants efforts » qui sont venus bloquer l’activité des entreprises et entraver leur logistique par l’application du couvre-feu et l’interdiction des déplacements entre les gouvernorats.

Une note élaborée, dernièrement, par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et le ministère du Développement, de l’Investissement et de la coopération internationale sur « l’Impact de la pandémie du COVID-19 sur l’économie tunisienne pour l’année 2020 » montre que le choc de la COVID-19 accentuerait la fragilité financière de plusieurs secteurs d’activité à savoir les industries non manufacturières (-29%), le tourisme (-23%), le transport (-19.6%) et le textile (-17.7%).

M. Zouhair El Kadhi, directeur général de l’Institut tunisien de la compétitivité et des études quantitatives (ITCEQ) a déclaré qu’au vu de la vulnérabilité sectorielle constatée, 20% des PME feraient faillite.

Entre temps et alors que les entrepreneurs et chefs d’entreprises se battent pour survivre, le ministre des Finances, Ali Kooli dit qu’il est optimiste pour trouver 11000 millions de dinars afin de combler le déficit et arrondir la fin de l’année en cours. D’ici là, espérons que le déficit ne se creuse pas davantage par la disparition de milliers de PME.

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