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Le missile que Kais Saied ne voit pas venir…

Le missile que Kais Saied ne voit pas venir…

Il y a comme des effluves de Printemps social dans l’air, un printemps avant l’heure. Le chef de l’Etat, Kais Saied, ne l’attendait certainement pas aussi tôt, ou ne l’attendait pas du tout. Je ne parle pas uniquement du débrayage des agents municipaux, mais de cette impression de glissade généralisée, où l’Etat perd pied et perd le contrôle sur un tas de choses. A commencer par les prix, toutes ces denrées de première nécessité qui ont disparu comme par enchantement (bon n’exagérons rien, on sait où elles sont planquées), en dépit des assurances de la ministre du Commerce. Tout ça ne sent pas bon pour Kais Saied, pour sa Consultation nationale, la clé pour redorer son blason et celui de la Tunisie à l’international.

La route du régime présidentiel passe par le sucre, la semoule…

Les chiffres de la Consultation nationale ne sont pas bons, pas du tout d’ailleurs. À peine 210 578 inscrits ce 22 février sur une population de près de 12 millions d’habitants – un électorat potentiel de 6 millions de citoyens “grosso modo” -, ce sont des bricoles à moins d’un mois de la fin de l’opération. Déjà que les autorités ont été très lentes à l’allumage, avec une campagne de communication qui a pris un sacré retard, et maintenant ces bruits autour du couffin du Tunisien. Tout ça est de très mauvais augure pour les petites affaires du président de la République

Vous ne pouvez pas demander à des citoyens de penser à une Consultation nationale, fût-ce sur des sujets majeurs pour l’avenir du pays, quand ces mêmes citoyens sont travaillés par des questions de survie. Kais Saied, qui veut que les Tunisiens lui confient tous les leviers du pays, devrait peut-être commencer par faire la démonstration de sa capacité à tenir les rênes de la Tunisie. Et ça commence par des choses aussi simples que ramener sur le marché les denrées de première nécessité qui garnissent les dépôts des contrebandiers et affairistes véreux…

Pour le moment la toute nouvelle direction de l’UGTT ne souffle pas sur les braises, mais la centrale syndicale ne fait rien non plus pour retenir les coups des agents municipaux. Bon, on n’en est peut-être pas encore à une explosion sociale généralisée, mais il faut se méfier de ces germes, de ces étincelles car ça peut vite s’ajouter à d’autres motifs de grogne, et il y en a ma foi…

Ses ministres ne l’aident pas, ils l’enfoncent

Que font les ministres et leur cheffe de file, Najla Bouden, pour aider celui qui les a choisis un par un, pour épauler le locataire du palais de Carthage ? En tout cas les ministres dont on parle le plus en ce moment ce n’est pas pour en dire du bien. Que peut-on dire d’autre sur une ministre – celle de l’Environnement – qui n’arrive pas à nettoyer les rues de la deuxième ville du pays – Sfax ? Et ça fait plus de 4 mois que ça dure. Que peut-on trouver comme excuses et circonstances atténuantes à une ministre – celle du Commerce – qui débite des arguments surréalistes pour nous sucrer nos subventions ?

Fadhila Rabhi a osé dégainer l’argument santé pour rayer d’un trait la subvention sur le sucre. Comme si on ne savait pas depuis un paquet d’années que le sucre est un problème de santé publique. Seulement on attendait des autorités qu’elles nous le disent avant, avant que le diabète n’atteigne ces proportions en Tunisie. Et pas qu’elles attendent d’être coincées dans un coin du ring par le FMI pour nous jeter à la face que le sucre est mauvais pour notre santé ! Là Fadhila Rabhi nous infantilise, et çà c’est intolérable, inadmissible, insupportable…

Idem pour son argumentaire sur le fait que la seule façon de tirer le tapis sous les pieds des contrebandiers et d’éviter que le coucous tunisien subventionné se retrouve au “Niger, au Soudan et au Tchad”, c’est de sabrer la compensation. Si la ministre s’en était tenue à des arguments sur le fardeau des subventions pour les caisses publiques on aurait compris, mais là franchement…

À ce qu’on sache la Tunisie dispose d’assez de bras – police, garde nationale, agents municipaux, armée, douane – pour freiner le fléau de la contrebande. D’ailleurs ce sont les rares secteurs de la fonction publique qui n’ont pas cessé de recruter alors que partout on serre la vis. Alors s’il n’y a pas de volonté politique derrière pour utiliser à bon escient toutes ces dépenses publiques, autant arrêter tout de suite de grever davantage les finances du pays…

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